Le 18 janvier 1979 plusieurs élèves et étudiants étaient massacrés sous le régime de l’Empereur Jean Bedel Bokassa. 43 ans après cette répression, des voix s’élèvent pour appeler la jeunesse actuelle à une prise de conscience collective et à s’approprier des raisons de la lutte menée par les anciens.
Tout commence avec le décret impérial qui exigeait aux élèves et étudiants, le port obligatoire de tenues. Des manifestations avaient été organisées pour s’opposer à cette idée du gouvernement de l’époque alors que les fonctionnaires et agents de l’Etat totalisaient plusieurs arriérés de salaire. Plusieurs apprenants ont donc été tués. Jusqu’à aujourd’hui, aucun bilan exact des tués n’est connu. Certains parlent de plus de 200 personnes massacrées. Pour les rescapés, c’était une journée trempée dans du sang.
« J’ai dû me cacher pour échapper à tout cela »
« J’étais au lycée d’Etat des Rapides lorsqu’une révolte a éclaté au sujet du port de tenue scolaire. C’était une journée très pénible, trempée dans du sang. Il y avait des arrestations et des violences. J’ai vu des militaires arrivés. On a été pourchassés et moi, j’ai dû me cacher pour échapper à tout cela » témoigne professeur Dieudonné Kpamon, un des rescapés du massacre.
Vu que plusieurs jeunes de la génération actuelle ignorent l’importance de la célébration de cette journée, des voix s’élèvent pour appeler à une prise de conscience collective.
« Ce que la jeunesse d’aujourd’hui doit faire, c’est de ne pas fêter sans en connaître le sens. Nous devons prendre conscience que de pareils événements ne se répètent pas. Nous devons également nous souvenir de nos ainés qui ont perdu la vie lors de ce massacre » lance Ursula, étudiante à la Faculté de droit de l’Université de Bangui.
Si la nouvelle génération ne comprend pas l’importance de la Journée des martyrs, pour certains, c’est parce qu’elle ne s’intéresse pas à l’histoire de son pays.
« La jeunesse doit chercher à savoir pourquoi tout ceci est arrivé »
« Dans un Etat lorsqu’on ne connaît pas l’histoire de son pays, c’est son identité qu’on néglige. Les conséquences sont ce que nous sommes en train de voir. Les jeunes ne s’adonnent pas à l’apprentissage de l’histoire. La jeunesse doit chercher à comprendre pourquoi cet événement est arrivé. Pourquoi on est arrivé à cette tuerie » assure Dr Gérard Bekanendji, chef du département d’histoire à l’université de Bangui.
A propos de cette journée, le ministre de la Jeunesse et des Arts, Aristide Briand Reboas, appelle les jeunes à s’approprier des raisons de lutte de leurs anciens de 1979. Pour le membre du gouvernement, certains politiques profitent de la faiblesse des jeunes pour les manipuler à leurs fins personnelles.
A l’occasion de cette journée de souvenir, le Premier ministre Henri-Marie Dondra a déposé mardi matin, des gerbes de fleurs au pied du monument des Martyrs à Bangui. Par ailleurs à l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le président de la République Faustin-Archange Touadéra s’est adressé à la jeunesse en présence de plusieurs leaders jeunes venus du Bénin, du Mali, du Burkina Faso et du Tchad.
Occasion aussi pour le Conseil panafricain de la jeunesse de décerner un prix de paix au chef de l’Etat pour son effort dans le rétablissement de la paix en République centrafricaine. La commémoration de cette année s’est faite autour du thème « Rôle de la jeunesse dans le développement local ».
La commémoration de la Journée des martyrs a-t-il encore un sens ?