Centrafrique : une enquête interne révèle un détournement de près de 600 millions Fcfa au ministère des transports©RNL/Vianney Ingasso
Entrée du Ministère des transports

Centrafrique : une enquête interne révèle un détournement de près de 600 millions Fcfa au ministère des transports

La conclusion d’une enquête interne, transférée à la présidence de la République, à l’Assemblée nationale et à la Primature met en cause le directeur général des transports de surface Nono Wenceslas Ngélékoumon. D’après le document, il serait impliqué dans une malversation présumée de plusieurs centaines de millions de francs CFA. Selon le rapport de cette mission interne commanditée par le ministre des transports Herbert Gontran Djono-Ahaba, plus de 600 millions de FCFA des frais de délivrance de titres de transports ont été dilapidés.

La mission de contrôle interne mise en place fin 2021, s’est déroulée du 26 juillet au 20 septembre 2021 à Bangui. Exécuté par trois experts pluridisciplinaires et cadres du ministère des transports, la mission a pour objet, selon l’initiateur, d’avoir une idée précise sur la situation globale des titres de transports sécurisés. Des titres délivrés par les services de transports de surface et édités par la société Al Madina. Il était aussi question de faire un audit des ristournes dédiées à la sécurité routière, versées par Al Madina et BG Test Sûr.

Un écart important entre les titres délivrés et les dossiers régulièrement traités

Selon ce rapport dont Radio Ndeke Luka a eu copie, la mission a recueilli des données de tous les titres de transports traités entre janvier 2020 et juin 2021. Au total, 40.217 titres de transport ont été délivrés. Cependant, seuls 5.190 dossiers ont été régulièrement traités. Soit une valeur d’environ 113 millions de francs CFA. En revanche, les 35.027 dossiers restants ont été, d’après la direction, irréguliers. Le tout, estimé à une valeur fiscale d’environ 515 millions de francs CFA.

Par ailleurs, les ristournes reversées par Al Madina et BG Test Sûr à l’autorité délégante ne laissent apparaître aucun détail. « Ce qui laisse présager un doute sur la moralité de gestion desdites ristournes », s’inquiètent les enquêteurs. La mission a également enregistré de nombreux accords exceptionnels en lieu et place des timbres fiscaux fournis par la direction générale des transports de surface (DGTS). Conséquence, les anciens titres sur supports bloqués, les anciens titres traités par SOCAFODOS et repris par Al Madina, ont augmenté sensiblement le nombre des dossiers enregistrés à la cellule.

La synthèse du document indique que tous les usagers s’acquittent régulièrement des frais des timbres fiscaux pour obtenir leurs titres de transports. Malheureusement, regrette les enquêteurs, « ces frais sont soutirés de manière frauduleuse non seulement par les responsables des services qui traitent les dossiers mais également par certains collaborateurs qui sollicitent les accords exceptionnels du DGTS sur les fonds de dossier ».

En conclusion, la mission présume que la responsabilité de toute la chaîne de traitement des titres de transports est engagée ; à l’exception de la directrice des transports routiers, du chef de service de permis de conduire et du vice-président du guichet unique des motos taxis.

Cette nouvelle révélation remet sur la table la mal gouvernance décriée dans un passé récent par l’opinion au ministère des transports sous la gestion de l’ancien ministre Théodore Jousso.

Quelle est la réaction du directeur général des transports de surface mis en cause ?

Dans son audition par la mission de contrôle, Nono Wenceslas Ngélékoumon, reconnait certains faits révélés par la mission de contrôle. Dans une lettre manuscrite en annexe du document, il a indiqué que « Les écarts constatés sont liés aux accords que j’ai donnés aux collaborateurs ». Au téléphone avec Radio Ndeke Luka, l’intéressé parle de données erronées dans ce rapport et promet toutefois de réagir ultérieurement. 

Depuis la publication de ce document, aucune institution de la République notamment la Présidence, l’Assemblée nationale, la Primature ou l’Inspection générale des finances n’a encore réagi sur ce scandale financier.

 

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