Ces dernières années, un phénomène prend de l’ampleur à Bangui. En effet, la prolifération des kiosques de transfert de sons, les cellules de prière, les débits de boissons en plein quartier, perturbe la tranquillité publique. Ce phénomène affecte négativement la santé des populations environnantes. La municipalité se dit dépassée, bien que le gouvernement ait promis mettre fin à cette situation.
Kiosques de transfert de sons (audio), bars dancing, buvettes ou cellules de prière, ces pollutions sonores sont de plus en plus nombreuses à travers la ville de Bangui. Pour illustration, à la Place de la réconciliation, communément appelé « Marabena » en allant vers le carrefour de Miskine-Benz-vi dans le 5ème arrondissement, ces bruits sont insupportables. Une situation dénoncée par les Banguissois.
« Chacun fait ce qui lui semble bon »
« Ici, chacun fait ce qui lui semble bon. Lorsqu’on longe cette avenue, on n’arrive même pas à cerner les klaxons des bruits de musique. Cela cause souvent des accidents. Dans le quartier, les enfants ne peuvent pas étudier puisque les tonalités sont très fortes » déplore Ariane, une Banguissoise.
A l’école primaire Pétévo dans le 6ème arrondissement, le constat est très amer. A l’entrée de cet établissement scolaire, deux kiosques de téléchargement de musiques sont implantés. Même dans les salles de classe, la musique résonne.
« Le gouvernement doit déguerpir tout ce monde »
« Pendant les cours, ces différentes sonorisations jouent sur la sérénité des élèves. Généralement, certains élèves préfèrent écouter de la musique que de suivre le maître. Le gouvernement doit faire un effort pour déguerpir tout ce monde. Surtout ceux qui sont à proximité des écoles » regrette un instituteur à la retraite.
Même situation au fin fond des quartiers. Sauf que là, ce sont les cellules de prière qui font leur loi.
« Aujourd’hui dans les quartiers, c’est un grand désordre. Un individu se lève d’un bond avec deux chaises et une bâche pour se faire pasteur. Après, il dérange tout le monde. Chez moi, les enfants ne peuvent pas étudier la nuit. Même pour dormir, c’est une autre histoire » affirme Vincent, un habitant du 8ème arrondissement.
A en croire les spécialistes, ces tapages sonores ont des conséquences néfastes sur la santé.
« Ces bruits peuvent créer un accident cardiovasculaire »
« Une musique assez forte et inaudible peut effectivement être à l’origine d’une hyperactivité. Non seulement au niveau du cerveau, mais elle peut également stimuler le cœur et créer un accident cardiovasculaire » prévient docteur Vie de Dieu Ngokozenguet, médecin généraliste.
Même si les ministères de l’Administration du territoire et de l’Intérieur ont promis prendre des mesures afin de mettre fin, dans un bref délai, aux nuisances sonores dans la ville de Bangui, le problème perdure. La municipalité, de son côté, se dit dépassée face à cette préoccupation.
L’article 251 du Code pénal centrafricain stipule: « Toute personne, auteur d’agression sonore réitérée en vue de troubler la tranquillité d’autrui, sera punie d’une peine d’emprisonnement de 6 mois à 1 an avec une amende de 100.002 à 500.000 francs CFA ».
Centrafrique : les installations anarchiques devant l’école de Bégoua suscitent des inquiétudes