Face à la persistance de la pénurie du carburant, le directeur de cabinet du ministre de l’Energie et de l’Hydraulique a effectué, le 8 avril 2022, une visite surprise dans certaines stations-services de la capitale. Une opération visant à connaître les causes profondes de cette rareté qui frappe depuis plus d’un mois la République centrafricaine.
Cette visite, qui a débuté à la station-service Bamag au centre-ville, vise à desceller les vraies raisons de cette carence. Après un premier constat, au moins 5.000 litres d’essence trainent encore dans la soute de cette station-service alors que la vente est suspendue. A la station Total de Relais-Sica dans le 1er arrondissement, au moins 10.000 litres de carburant étaient disponibles. Cependant, le chef de piste a indiqué que les pompes d’essence sont en panne. Presque toutes les stations Tradex ont suffisamment de super et le volume varie de 25 à 30.000 litres. Mais selon les responsables, des instructions ont été données, notamment, ne pas vendre au-delà d’un volume donné.
« On ne peut qu’évacuer 3.500 litres »
« Hier, nous avons reçu 5.000 litres d’essence et on a tout évacué. Pour l’instant, il ne reste que le fond de sécurité. C’est-à-dire, nous sommes à un niveau où le carburant ne peut plus sortir. Car, selon les consignes, sur 5.000 litres reçus, on ne peut qu’évacuer 3.500 litres » a fait savoir Gisèle Nathalie Sébata, cheffe de piste à la station Green Oil Marabena.
Sur toutes les stations-services visitées, seule la station Total de Notre-Dame d’Afrique dans le 4ème arrondissement vendait du super. Cependant, celle-ci était bourrée de clients. Conscient de la gravité de cette situation, le responsable appelle ses pairs à voler au secours de la population.
« On avait 14.000 litres pour la journée. Je sais qu’on va arriver à les évacuer jusqu’au soir voire demain matin. Mais je me demande si dans d’autres stations comme Tradex ou Green Oil on fait la même chose ? S’ils en ont, qu’ils en vendent aussi afin d’aider la population au lieu de provoquer des queues » a déclaré Rock Aimé Kossi, gérant de la station Total de Notre-Dame d’Afrique.
« Arrêtez de nous manipuler. Trouvez un palliatif »
Pour ceux qui viennent nombreux s’approvisionner en super et qui ne parviennent pas à en avoir, c’est la confusion. Confrontés à des versions divergentes sur la pénurie, ces derniers appellent le gouvernement à trouver une solution rapide.
« Je viens me procurer du carburant, on me dit qu’il n’y en a pas. Partout, c’est le même message. Cependant, des cadres du ministère de l’Energie nous laissent entendre qu’il y a suffisamment de carburant dans les stations. Arrêtez de nous manipuler et trouvez nous un palliatif » s’insurge un usager.
Pour le gouvernement qui rejette la version d’une pénurie d’essence, il y a une volonté manifeste de la part des pompistes de créer et stimuler un marché noir.
« Ces pompistes et stations se livrent à des manipulations autour de produits pétroliers en créant des pénuries qui n’existent pas. Il y a également une mauvaise gestion et distribution dans les stations qui fait que les gens font la queue alors qu’il y a du produit en quantité » a fustigé Alain Kolongato, directeur du cabinet du ministre de l’Energie.
Face à cette situation, le ministère de l’Energie de l’Hydraulique promet une réunion très prochaine avec les propriétaires des stations-services pour une solution rapide.
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