Les réactions continuent d’affluer après la publication sur les réseaux sociaux d’une vidéo qui montre des hommes en tenue en train d’exécuter, de manière horrible, un individu. Même si l’Etat-major des armées évoque qu’il s’agit d’un montage pour discréditer l’armée nationale, certains partis politiques et organisations de défense des droits de l’Homme appellent la justice à ouvrir une enquête afin d’établir la vérité.
Si le communiqué de l’Etat-major des armées, en date du 13 avril, pointe du doigt une campagne de dénigrement contre les forces de défense et de sécurité, ceci est loin de convaincre une partie de l’opinion publique.
Les partis politiques de l’opposition exigent l’ouverture d’une enquête
Pour le Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), le communiqué d’une autorité civile ou militaire ne peut se substituer à cette obligation. La justice doit se saisir de l’affaire afin d’ouvrir une enquête en vue d’établir les responsabilités.
« Devant la gravité de cet acte d’une très grande ignominie, l’opinion nationale très choquée et qui s’attendait à ce que la Justice se saisisse de cette affaire pour diligenter une enquête, a eu plutôt droit à un communiqué des autorités militaires qui est resté muet sur les faits allégués », déclare Martin Ziguele, président du MLPC.
Une demande formulée également par Jean Serge Bokassa via sa page Facebook. Car pour lui, crier au complot ne suffit plus.
« Il y va de l’intégrité de notre armée en qui nous croyons tous et pour laquelle nous nous sommes inlassablement battus aux heures sombres que nous avions connues sous la Séléka. Il revient à la hiérarchie des forces armées centrafricaines, de prendre toutes ses responsabilités, en acceptant qu’une enquête soit ouverte », écrit l’ancien ministre de la sécurité et coordonnateur du Mouvement Kodro ti mo ko zo si (MKMKS).
Indignation aussi des organisations des droits de l’homme
De leur côté, les organisations de défense des droits de l’Homme se disent aussi choquées et annoncent l’ouverture d’une enquête.
« La Ligue centrafricaine des droits de l’Homme (LCDH) a pris ces images comme un élément sérieux. Il constituerait un acte de barbarie suffisamment grave qu’aucune organisation des droits de l’homme tant nationale qu’internationale ne pourra tolérer. Nous, LCDH, nous avons mis en alerte nos comités pour savoir à quel endroit une chose pareille a pu se passer. Nos investigations vont se poursuivre pour savoir si ces faits sont exacts. Nous remettrons les résultats de nos enquêtes à la justice centrafricaine pour que la justice dise le droit dessus » déclare Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme.
Si la classe politique et les organisations de défense des droits humains réclament des enquêtes judiciaires, les proches du pouvoir de Bangui persistent et signent que les porteurs de tenue vus dans la vidéo ne sont pas des éléments des forces de défense et de sécurité centrafricaines.
« Je persiste et signe que ce ne sont pas les éléments des FACA ni de la gendarmerie centrafricaine sur cette vidéo savamment montée pour discréditer nos forces. C’est une vieille vidéo. La scène ne s’était pas déroulée sur le territoire centrafricain. Le son en Sango a été un montage bien fait », rétorque Fidèle Gouandjika, ministre conseiller à la Présidence de la République.
Face à ces multiples réactions et demandes, le parquet général de Bangui n’a pas encore réagi officiellement pour annoncer l’ouverture ou non d’une enquête sur cette affaire.