Face à la recrudescence des incidents et tracasseries visant des diplomates centrafricains dans les aéroports français, l’Assemblée nationale a interpellé ce mercredi 20 avril 2022, la ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo Témon. Les élus de la Nation souhaitaient avoir des éclaircissements sur les relations diplomatiques entre Bangui et Paris, devenues tendues depuis quelques mois.
Lors de cette interpellation, les questions des députés étaient axées sur les récents incidents ou du moins les tracasseries dont ont été victimes des hauts responsables centrafricains dans les aéroports français, particulièrement à Paris. Les parlementaires ont dénoncé le non-respect de la Convention de Vienne sur les relations consulaires. Ainsi, durant deux (2) heures, 13 députés sont intervenus sur la question.
« La France veut toujours traiter la Centrafrique comme un de ses Etats vassaux. Nous sommes un Etat membre de l’ONU et qui jouit pleinement de sa souveraineté. Mais la France veut toujours avoir envers nous la posture d’un maître », s’indigne Auguste Boukanga, député de Yaloké.
Position divergente sur la question
Alors que de nombreux députés n’ont pas caché leur exaspération, certains à l’exemple du député de l’opposition, Joseph Bendounga, voient autrement le problème. Pour lui, les dirigeants au pouvoir sont mal placés pour faire une leçon de diplomatie aux autorités françaises.
« Tous ceux qui dirigent la République centrafricaine ont une famille en France. Ils ont un lien direct avec ce pays. Les relations diplomatiques ne doivent plus se traiter comme nous l’avions fait. Si vous voyez bien, même notre ministre des Affaires étrangères est à la fois citoyenne française et centrafricaine », a martelé le député de Bimbo 3.
Une rencontre d’urgence avec la France pour un dénouement
Répondant aux questions des députés, la cheffe de la diplomatie centrafricaine, Sylvie Baipo Temon, a indiqué que des efforts sont en cours pour convoquer une rencontre diplomatique entre les deux Etats afin de traiter tout contentieux.
« Par ma voix, le ministère des Affaires étrangères a sollicité une rencontre pour la mise en place d’un dialogue politique inclusif comme nous l’avons fait en 2019. Ce qui nous permet, effectivement dans un cadre diplomatique, de discuter de tous les sujets qui fâchent et les différentes incohérences constatées de part et d’autre. Des sujets notamment de visas, de relations bilatérales, de respect des accords antérieurs que nous avons signés ou des autres que nous allons signer, de coopération et de partenariat », a déclaré Sylvie Baïpo Témon.
Début avril, six (6) députés centrafricains en mission à Strasbourg en France ont dénoncé des traitements dégradants qu’ils ont subis dans ce pays. Ce qui, selon eux, est une violation de la Convention de Vienne sur les relations consulaires. Les relations diplomatiques ne sont pas au beau fixe entre Bangui et Paris depuis le rapprochement entre la République centrafricaine et la Fédération de Russie en 2017.
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