Après près de trois ans sans procès, la Cour d’appel de Bangui a ouvert ce vendredi 29 avril sa première session criminelle 2022. Le premier dossier au rôle, l’assassinat du commandant Marcel Mambéka. Cette affaire opposait dès le début, le ministère public à Ali Adam, alias Bozouka.
Un témoin devient co-accusé. Ali Adam alias Bazooka comparaissait ce vendredi pour association des malfaiteurs, assassinat, vol à main armée et détention illégale d’arme de guerre. L’accusation le pointait comme auteur de l’assassinat en octobre 2016 du commandant Marcel Mambeka, garde rapproché de l’ancienne présidente de transition Catherine Samba-Panza. Ce qu’il a nié tout le long du procès à chaque fois que le procureur brandit un élément de preuves contre lui.
Après plusieurs heures de débat entre le ministère public et la défense du présumé, c’est la citation à témoin de Bachir Bouari, aussi poursuivi pour un autre fait, qui va faire des révélations devant les juges. Ce dernier reconnait être celui qui a assassiné le commandant Mambeka. L’un des fils du défunt rajoute que Bachir Bouari a été transporté hors du lieu du crime par Ali Adam alias Bazouka, cité premier accusé dans cette affaire.
« Garantie de protection avant plus de détails »
Pour poursuivre sa déposition, Bachir Bouari exige à la cour que sa famille soit placée sous protection car selon lui, ce meurtre serait commandité par des militaires dont il ne pouvait les citer publiquement, « parce qu’ils sont encore fonction et en position de force », a déclaré le nouveau prévenu.
Le ministère public a demandé à la cour qu’à partir de ces révélations, le témoin Bachir Bouari soit poursuivi pour assassinat de cet officier. Une demande déclarée recevable par la Cour.
« La cour, par arrêt avant-dire-droit, inculpe Bachir Bouar pour le crime d’assassinat sur la personne de Mambéka Marcel, ordonne un complément d’informations, commet la chambre d’accusation, et à cet effet réserve les dépends », a déclaré le président de l’audience.
« Une instruction bâclée selon la défense »
Pour la défense d’Ali Adam Alias Bazouka, l’instruction des dossiers a été bâclée dès le début de la procédure.
« En toute sincérité, c’est un dossier creux parce qu’il manquait beaucoup d’éléments. Quand j’ai reçu le dossier et j’ai discuté avec l’accusé Ali Adam, je me suis rendu compte qu’il y a trop de failles. Si cette enquête avait été menée à bon port, on n’allait pas arriver à ce qu’on vient de connaître aujourd’hui. Franchement, c’est un dossier bâclé de fond en comble. Et c’est malheureux », déplore Me Sarangone Feindiro.
La première session criminelle 2022 de la cour d’Appel de Bangui se poursuit jusqu’au 31 mai. Une quarantaine de dossiers de différents crimes impliquant plus de 120 accusés seront jugés au cours de cette session.