Les réactions ne cessent d’affluer sur le regain de l’insécurité dans certaines régions de la République centrafricaine. De nombreux Centrafricains demandent au gouvernement de prendre ses responsabilités face à la montée de violences armées à l’intérieur du pays. Demande exprimée lors de l’émission Patara, le débat politique de Radio Ndeke Luka, samedi 28 mai 2022.
Les discussions ont été houleuses entre Fidèle Gouandjika du pouvoir, Joseph Bendounga de l’opposition et Joseph Bindoumi de la société civile. L’une des questions principales se fonde sur le silence de Bangui suite à la mort des éléments des forces de défense et de sécurité déployés à l’intérieur du pays, alors que le gouvernement a annoncé que tout le territoire national est totalement sous son contrôle.
« On se pose la question de savoir pourquoi nos soldats sont tués et que les autorités militaires ne réagissent pas. Ces hommes sont enterrés sans aucune cérémonie… Ils ne perçoivent pas leur prime générale d’alimentation (PGA). Nous sommes en province et nous savons comment nos militaires sont exposés à toutes sortes de difficultés… Un an après les offensives contre les rebelles, ces derniers sont toujours nuisibles et nous ne comprenons pas », réagissent diversement des Centrafricains.
Une politique sécuritaire inadaptée ?
Joseph Bendounga, député de l’opposition, fustige la politique sécuritaire du président Touadera. Pour lui, l’important des troupes des Forces armées centrafricaines (Faca) n’est basé qu’à Bangui, et ce, pour la sécurité personnelle du régime en place.
« Le président centrafricain a les russes et les rwandais qui le protègent. A Bangui, nous avons plus de 4000 soldats dans la ville alors qu’ils devaient être déployés en provinces pour sécuriser les Centrafricains qui se font tuer par les rebelles », dénonce le député de Bimbo 3.
Une thèse balayée par Fidèle Gouandjika, le représentant du pouvoir, qui prend le contre-pied de Joseph Bendounga.
« Aujourd’hui, le territoire centrafricain est contrôlé à 100 % par l’armée centrafricaine. Le défi logistique auquel elle fait face résulte de l’embargo imposé à la Centrafrique. Quant aux soldats tombés sur le champ d’honneur, un hommage national leur sera fait », défend Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial à la présidence de la République.
La dégradation de la situation sécuritaire inquiète plus d’un. La société civile appelle à la prise de conscience et à la fin des hostilités.
« Nous voyons que le pays est en difficulté mais nous observons une attitude peu responsable du gouvernement. Ils viennent dire à la population que tout va bien alors que des attaques surprises contre les positions des Faca sont enregistrées tous les jours », relève Joseph Bindoumi, président de la Ligue centrafricaine des droits de l’homme (LCDH).
Depuis un mois, des bruits de bottes se font entendre à l’intérieur du pays. D’après des témoignages rapportés à notre rédaction, ces derniers temps, des hommes en armes ont infiltré le pays en provenance du Tchad et du Soudan voisins.
Jusque-là, le gouvernement n’a pas encore officiellement réagi sur ces attaques meurtrières contre les positions des Faca et la recrudescence de l’insécurité à l’intérieur du pays.
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