Pendant que des procès se tiennent à la Cour criminelle à Bangui, certaines de victimes de violences sexuelles n’ont toujours pas accès à la justice. En attendant une lueur d’espoir, plusieurs d’entre elles essaient, tant bien que mal, de surmonter leur peine. C’est le cas de Sonia, violée il y a quelques années par des rebelles à Bambari.
En 2019, Sonia avait 21 ans lorsqu’elle a été violée par quatre (4) rebelles dans sa ville de Bambari. Avec beaucoup de courage, elle raconte les faits.
« C’était lors d’un affrontement entre l’armée et les rebelles de la Séléka vers 12h00. Et comme les gens fuyaient, je me suis enfermée dans une maison pour attendre que le choses se calment. En rentrant chez moi vers 17h00, je me suis croisée avec un véhicule 4×4 avec 6 personnes à bord. Tous cagoulés. Quand ils m’ont interpellée, je tremblais de peur. Je me souviens que ce sont 4 d’entre eux qui ont abusé de moi. Par la suite, je me suis évanouie » a témoigné Sonia.
« Abandonnée par ma famille, j’étais toute seule »
Après son viol, la victime a cessé les études à cause de la stigmatisation et de moqueries de ses camarades. Selon la jeune fille, elle a perdu sa dignité.
« Après cela, j’ai perdu mes droits et ma dignité ; puisque je ne pouvais plus continuer à l’école. Tout le monde ne parlait que de moi lorsque je passais. J’étais restée toute seule. Ma famille aussi s’est séparée de moi » a poursuivi Sonia.
Rejetée par sa famille, Sonia a donc été recueillie par un couple de bonne volonté. Lequel l’a fait venir à Bangui. Depuis deux mois, elle est prise en charge par la Fondation Cynthia Bouvier Garzon. Une organisation qui œuvre dans la protection et la réintégration des femmes et filles victimes de violences sexuelles.
« Nous nous battons pour sa réintégration »
« Avec le concours du projet Nengo, je pense qu’elle reprendra les cours l’année prochaine. A notre niveau, nous essayerons de procéder à son inscription car nous ne pouvons pas continuer à la garder ici. C’est un hébergement provisoire. Ainsi, nous nous battons pour qu’elle ait un local afin de réintégrer la société » a fait savoir Stéphane Dimbi, chef du projet.
Malgré l’appui de la Fondation Cynthia Bouvier Garzon qui lui a permis de se rétablir, pour elle, le grand espoir réside du côté de la justice centrafricaine.
« Ces actes ne doivent pas restés impunis »
« Je demande à la justice de bien faire son travail. Les auteurs et leurs complices doivent être punis sévèrement ; car ces gens ont gâché mon avenir en tant que jeune. Ces actes ne doivent pas restés impunis. Je compte énormément sur cette réparation » a conclu Sonia.
Le dernier rapport du Comité international de la Croix Rouge (CICR) a révélé qu’en 2021, au moins 10.886 cas de violences ont été répertoriés en République centrafricaine, dont 2.688 sont de type sexuel. Même si la justice commence à juger ces crimes, de nombreuses victimes attendent de voir leurs bourreaux répondre de leurs actes.
Centrafrique : le CICR recense plus de 2000 cas de violences sexuelles en 2021