- Des médias centrafricains dont Radio Ndeke Luka annoncent l’irruption des rebelles de la CPC dans la ville de Kembé le 14 juillet 2022.
- La Minusca, dans un tweet le 16 juillet, conteste la présence des éléments armés dans la ville de Kembe. Elle précise que la situation est calme et qu’elle préserve la stabilité dans la région.
- Ce démenti apporté par la mission onusienne fait l’objet de débats contradictoires sur Facebook et dans des groupes WhatsApp.
- Les autorités administratives et locales et de nombreuses sources confirment la présence des rebelles dans la ville de Kembé du 14 au 17 juillet.
- En conclusion, la ville de Kembé a été réellement occupée durant 72H par les rebelles de l’UPC.
Le 15 juillet 2022, plusieurs médias centrafricains dont Radio Ndeke Luka annoncent l’irruption des rebelles de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC) dans la ville de Kembé, une des sous-préfectures de la Basse-Kotto. « Centrafrique : l’UPC contrôle à nouveau la ville de Kembé dans la Basse-Kotto », peut-on lire sur le site web de Radio Ndeke Luka. Dans l’article, le média explique que les rebelles ont fait leur entrée dans la ville, le 14 juillet, sans aucun affrontement et n’ont commis aucune exaction. Plusieurs autres médias et sites d’informations ont relayé la même information.
Le 16 juillet, la Minusca, la mission de l’Onu pour le maintien de la paix en République centrafricaine, a, dans un tweet, nié qu’aucun élément d’un groupe armé n’était présent à Kembé en qualifiant cette information de Fake-news. « Suite à des publications que des groupes armés auraient capturé Kembe, dans la Basse-Kotto, la MINUSCA y a effectué des patrouilles et a conclu qu’aucun élément armé n’était présent à Dimbi, Kembe ou Pombolo. La situation est calme & la MINUSCA continuera à préserver la stabilité », a tweeté la mission onusienne.
Capture d’écran des publications et du Tweet de la Minusca
A la suite de ces publications contradictoires, les avis divergent sur les réseaux sociaux. D’aucuns confirment et d’autres rejettent cette information qui est devenue virale.
Cette information intervient dans un contexte où la Minusca a déclaré quelques jours plutôt que ces forces avaient renforcé leur position dans la région.
Pour démêler le vrai du faux, la cellule #StopAtènè a contacté plusieurs sources locales dont des autorités administratives. Toutes ont confirmé la présence des hommes de l’UPC dans la ville de Kembé entre le 14 et le 17 juillet.
D’abord, la sous-préfète de Kembé, Marguerite Ngandala qui, sans détours, affirme : « les éléments de l’UPC venus de Pombolo sont arrivés à Kembé le 14 juillet, mais il n’y avait ni affrontement ni exactions sur les civils ».
Cette information est aussi confirmée par Gildas Assindaka, député de Kembé. Ce dernier indique que les éléments de l’UPC, présents dans la ville, se sont retirés le 17 juillet et se trouveraient à 5 km de la chute de Kotto.
« Ils sont effectivement arrivés dans la ville. La présence de ces hommes armés menace la quiétude de la population. Après leur retrait, ils ont établi leur Etat-major à Pombolo. Le gouvernement doit déployer les forces de défense et leurs alliés avec des moyens logistiques pour sécuriser la population », souhaite le député.
Un habitant de la ville, contacté par la cellule #StopATènè, confirme la présence des combattants rebelles de l’UPC à Kembé.
« La présence des éléments de l’UPC à Kembé est une évidence. Cependant, les milices anti-balaka avaient érigé des barrières pour empêcher leur progression. Ne nous voilons pas le visage. Ces rebelles étaient bel et bien dans la ville de Kembé », insiste l’habitant.
La présence des rebelles à Kembé confirmée dans un communiqué
Dans une note du bureau exécutif du Conseil national de la jeunesse adressée au Conseil sous-préfectoral de Kembé, il salue l’ouverture du dialogue par les jeunes de la localité avec les hommes armés. Ce qui, selon cet organe, a empêché les affrontements armés à Kembé.
Capture d’écran de la note du CNJCA
En conclusion, les rebelles de l’UPC ont été effectivement vus à Kembé du 14 au 17 Juillet, avant de se retirer à la périphérie de la ville. Donc, l’information selon laquelle des rebelles ont fait irruption à Kembé est vraie.
#StopATènè, l’équipe qui lutte contre la désinformation et les discours de haine en Centrafrique.
Sources:
- Echanges téléphoniques avec Marguerite Ngandala, sous-préfète de Kembe
- Interview avec Gildas Assindaka, député de Kembé
- Communiqué du Bureau exécutif du Conseil national de la jeunesse
- Habitants de Kembé