Un mois après le lancement du contrôle physique des fonctionnaires et agents de l’Etat, certaines personnes ont vu leurs salaires augmenter d’une manière illégale alors qu’elles n’ont pas été promues. Ces dernières craignent d’être confondues ou accusées de fausseté. Pour sa part, le ministère de la Fonction publique annonce la publication dans les jours à venir des premières données issues de cette opération.
Dans le cadre de l’opération du contrôle physique en cours, le gouvernement indique avoir économisé déjà près d’un milliard de francs CFA sur la masse salariale alors que c’est une infime partie des départements qui procède en ce moment au contrôle. L’exécutif s’interroge sur le rôle de certaines banques de la place qu’il soupçonne d’avoir facilité la fuite des capitaux. Alors qu’une enquête est ouverte, quelques responsables du ministère des Finances et du Budget sont en détention préventive à la Section de recherches et d’investigations (SRI) pour leur rôle présumé dans ces fraudes. Dans un communiqué, l’Office national de l’Informatique (ONI) a dénoncé l’arrestation de ses cadres.
Les banques, de connivence avec le réseau des fraudeurs ?
Le gouvernement se dit surpris de la baisse spectaculaire de la masse salariale alors qu’aucune mesure disciplinaire n’est encore engagée contre les auteurs des fraudes. Il persiste en dénonçant une mauvaise foi de certains de ses fonctionnaires et institutions à travers les fausses données mises à sa disposition. Pour soutenir sa position, le ministre de la Fonction publique, Marcel Djimassé, a mis en avant la baisse surprenante du montant des chèques de couverture que le gouvernement envoie chaque mois à certaines banques de la place. Le ministre soupçonne ainsi ces banques d’être de connivence avec ce réseau qui a causé des préjudices à l’Etat.
C’est dans ce contexte que certains fonctionnaires, clients des banques, protestent contre l’augmentation anormale de leurs salaires. Ces derniers craignent d’être victimes d’un placement frauduleux, sur leurs comptes, de l’argent détourné.
« En juin dernier, je me suis rendue à Ecobank pour percevoir mon salaire. Arrivée là-bas, j’ai constaté une marge de plus de 200.000 francs CFA sur mon salaire. Aussitôt, je me suis rendue à l’ONI pour retirer mon bon de caisse. Là-bas, j’ai découvert la réalité. Je n’ai pas touché cet argent. Je demande à tous ceux qui n’ont pas encore passé le contrôle d’être vigilants » a témoigné Florence Raphaëlla Danhouran, une enseignante.
Un mois seulement après le lancement de l’opération dans certains ministères, plusieurs milliers de fraudeurs seraient déjà démasqués. Une communication officielle du gouvernement sur ce contrôle, qui se poursuit, est attendue dans les prochains jours.