Après 62 ans d’indépendance, la République centrafricaine, jadis prospère dans les années 70, est en pleine régression vis-à-vis des autres pays de la sous-région. Le bilan du secteur de la justice reste mitigé. Certes, des avancées sont constatées par certains acteurs mais, des observateurs parlent de la corruption qui gangrène le milieu judiciaire et de l’ingérence des gouvernants qui se sont succédé pour diriger le pays.
Dans les années 60, la justice centrafricaine avait été marquée par des décisions importantes prises par des juges centrafricains. Juste après l’indépendance, David Dacko a demandé que les droits français soient conservés en RCA. Ce qui a constitué les fondements même de la justice du pays. Selon Pamphile Oradimo, magistrat centrafricain, il y a eu des avancées considérables depuis lors.
De 20 à 300 magistrats
« Il y a eu beaucoup d’amélioration. De moins de 20 magistrats à notre accession à l’indépendance, présentement, nous en avons plus de 300. Nous avons des juridictions dans presque toutes les villes et 3 cours d’appel opérationnelles. Il y a plein de bonnes choses qui font que la justice existe et travaille » constate Pamphile Oradimo, magistrat.
Si l’effectif des acteurs et des services judiciaires est revu à la hausse, la prestation reste, cependant, un souci pour Etienne, fonctionnaire à la retraite.
« La justice est prise en otage par le pouvoir. Tout ce qui se passe en ce moment laisse à désirer. La corruption est active et passive sur tous les plans. Le malheureux perd toujours vis-à-vis de celui qui a de l’argent » s’est indigné le fonctionnaire à la retraite.
Les moyens font défaut
La justice centrafricaine a connu sa lettre de noblesse dans les années 80 avec l’historique procès de l’Empereur Jean Bedel Bokassa. Aujourd’hui, elle est confrontée à d’énormes difficultés pour asseoir son indépendance et sa neutralité. Pour Benoît Narcisse Foukpio, premier avocat général à la Cour d’appel de Bangui, l’Etat doit mettre les moyens à la disposition de la justice pour contourner ces problèmes.
« Quelques bâtiments sont construits et tiennent lieu de palais de justice. Il faut loger le personnel et créer d’autres services. Donner les moyens pour que la justice, chargée de l’application des lois et des peines, soit dans les conditions optimales pour bien faire son travail. Ainsi, on peut l’évaluer sur un certain nombre d’années » a relevé Benoît Narcisse Foukpio.
Malgré ses 3 Cours d’appel et plus de 300 magistrats pour tout le pays, l’accès à la justice reste difficile pour beaucoup de Centrafricains. 62 ans après l’accession du pays à l’indépendance, le défi de la justice centrafricaine reste le jugement des crimes commis par des hommes armés. Ceci, dans un contexte où, le président de la République, Faustin Archange Touadera, affirme faire de la lutte contre l’impunité, la priorité de son second mandat.