Comme si c’était une malédiction, la République centrafricaine est en train de perdre ses atouts du début de l’indépendance. Les quelque centaines de kilomètres de routes bitumées, ses centres de recherches et écoles de formation de prestige, n’existent que de nom. 62 ans après les indépendances, les populations d’Obo dans le Haut Mbomou, sont toujours isolées et privées de services sociaux de base.
La ville d’Obo située à plus de 1.300 km de Bangui, n’a rien de moderne. Elle manque presque de tout. Pas de routes bitumées, les bâtiments administratifs sont délabrés et, le nombre des enseignants et du personnel soignant qualifiés est insignifiant. L’indépendance ne dit rien de bon à Stanislas Siambouda, un membre de la société civile.
« Pour avoir une aiguille, il faut des mois«
« Le Haut Mbomou n’a jamais connu la construction d’une route. Pour aller à Bangui, il y a en tout, cinq bacs qui compliquent les échanges. Pour avoir une aiguille, il faut des mois pour qu’elle arrive à Obo. Je ne vois pas l’importance de cette indépendance dont vous parlez » s’est révolté Stanislas Siambouda, membre de la société civile.
Même l’accès à l’électricité, à l’eau potable et à une structure bancaire reste un luxe pour les habitants de Obo.
« Dans le Haut-Mbomou, l’indépendance n’a rien donné. Il n’y a pas d’eau, ni de structures bancaires. Beaucoup de fonctionnaires qui viennent ici, repartent à Bangui pour percevoir leur salaire. Il faut que le gouvernement améliore le quotidien des habitants d’Obo » s’est indignée Monique Mbolizapa, présidente locale de l’Organisation des femmes centrafricaines (OFCA).
« Certains services étatiques n’existent pas dans le Haut-Mbomou…«
Alain Gassingoa, un enseignant, pense pour sa part que l’indépendance reste un vain mot pour les habitants du Haut-Mbomou étant donné leur situation d’abandon.
« Il n’y a pas de maison d’arrêt à Obo. La chaîne pénale ne fait pas convenablement son travail. Certains services étatiques n’existent pas dans le Haut-Mbomou comme les services de la douane et de l’agriculture. Pour l’heure, cette indépendance n’a pas son sens » a-t-il regretté.
Malgré les 62 ans d’indépendance, la population d’Obo vit dans la précarité. La majorité gagne sa vie à travers la chasse et l’agriculture. L’indicateur du développement socioéconomique reste faible dans tout le Haut Mbomou miné depuis quelques années par l’insécurité.