Le phénomène des enfants de la rue, reste un véritable casse-tête pour les parents et le gouvernement. Ceux de Centrafrique se consacrent de plus en plus à des activités lucratives pour leur survie. Ils s’adonnent au lavage des voitures et des motocyclettes, au balayage de certains coins du centre-ville et au chargement des taxis. Ces activités leur permettent de sortir de l’impasse.
C’est après la mort de sa mère en 2019 que Dieu Béni, alias Bozizé, a rejoint la rue. Pour avoir été plusieurs fois violenté durant des opérations de vols ratés, ce jeune homme de 18 ans, a perdu quelques-unes de ses dents. Il appartient à la bande des enfants de la rue du « secteur centre-ville ». Pour se prendre en charge, celui-ci exerce de petites activités génératrices de revenus. Il décide désormais de tracer seul sa route. Loin de ceux qui l’entraînaient sur la mauvaise voie selon lui. Dieu Béni se dit un garçon repenti.
« J’ai arrêté de voler parce que j’ai été plusieurs fois agressé physiquement. J’ai perdu quelques-unes de mes dents. Même mes bras ont été fracturés à plusieurs reprises. C’est après des sages conseils des personnes âgées que j’ai décidé de me concentrer sur des activités qui peuvent me donner à manger » témoigne Dieu-Béni.
De par son expérience de la rue, Dieu Béni ne souhaite pas voir un enfant y mettre pieds.
« Je passe souvent la nuit sur des cartons dans la fraîcheur et, c’est Dieu qui est mon protecteur. Pour les enfants qui vivent encore avec leurs parents, je leur demande d’être obéissants et de poursuivre leurs études. Je regrette parce que, si j’avais continué mes études, J’aurais, peut-être aujourd’hui, une vie aisée » conseille-t-il.
« La rue pour me prendre en charge »
A la tête de stationnement des taxis de l’axe kilomètre 5, nous rencontrons un des délégués de ces enfants de la rue. Il s’appelle Donatien, connu sous le sobriquet de « Polè-Polè ».
« J’ai été à l’école jusqu’en classe de CM 2. Mais lorsque je suis admis en classe de 6ème, j’ai décidé d’arrêter les études parce que mes parents ne m’ont pas soutenu bien qu’ils aient les moyens. Comme ils m’ont rejeté, j’ai décidé de regagner la rue pour me prendre en charge » explique Donatien.
Donatien est celui qui dirige les séances de prière avec ses amis tous les dimanches au sein de leur église baptisée « Yé ti kpènè », ce qui veut dire miracle. Il souhaite que le gouvernement apporte son soutien aux enfants de la rue pour les aider à exprimer leurs talents.
« Je souhaite que le gouvernement nous crée des centres de formation. Parmi nous, certains peuvent devenir des militaires, d’autres des conducteurs. Il y en a qui ont des projets mais, ils n’arrivent pas à les réaliser » lance Donatien alias « Polè-Polè », aux autorités centrafricaines.
Parents et gouvernement incriminés
Comment faire pour empêcher les enfants à vivre dans la rue ? Pour le Centre pour la promotion et la défense des droits de l’enfant (CPDE), la responsabilité est partagée.
« Les parents ont leur responsabilité parce que la place de l’enfant n’est pas dans la rue. La place de l’enfant est dans la famille et à l’école. La première responsabilité incombe au gouvernement qui doit créer des conditions d’adaptation ou bien des conditions qui peuvent vraiment améliorer la vie de ces enfants » fait savoir Rémy Djamous, président du Centre pour la promotion et la défense des droits de l’enfant.
En République centrafricaine, plusieurs centaines d’enfants vivent dans la rue. Chacun a une raison et une histoire particulière sur ses motivations. Dans la plupart des cas, ce phénomène est dû à la négligence et l’irresponsabilité des parents et des autorités du pays.
Centrafrique: « quand les enfants de la rue ont le droit de rêver »