Le stockage illégal du carburant a, de nouveau, provoqué un incendie dévastateur dans le 3e arrondissement de Bangui. Plus de 600 fûts remplis d’essence, une dizaine de maisons et trois camions ont été brûlés, ce mercredi 28 décembre, dans le quartier Ramandji.
Pour ce énième sinistre, le drame s’est produit en début de soirée. Selon les témoignages recueillis par Radio Ndeke Luka, l’incendie s’est déclaré au moment où des fûts de carburant étaient en train d’être déchargés des camions. Cela s’est passé dans le plus grand entrepôt illégal du secteur, situé dans la concession d’un particulier. Plus de 500 fûts de carburant, déjà stockés et une centaine d’autres en cours de déchargement à bord de trois camions, sont tous partis en fumée.
Bilan lourd
Après plus de deux heures de lutte effrénée, les services anti-incendie de la Minusca, de l’Asecna et les sapeurs pompiers centrafricains sont parvenus à maîtriser les flammes. Le bilan est lourd et impressionnant. Plus de 600 fûts de 200 litres, remplis chacun de carburant, plus d’une dizaine d’habitation et trois camions sont partis en fumée. On dénombre également sept personnes blessées. De nombreuses victimes déplorent la perte de leurs biens.
« Nous sommes douze dans notre maison et tout ce que nous avions, est parti en fumée. En plus des matériels brûlés, ma sœur et moi avons perdu près de 800.000 francs CFA dans cet incendie. Avant le drame, j’avais attiré l’attention du propriétaire de ces fûts de carburant du danger que cela représente. Il m’avait rétorqué qu’en cas de perte provoquée par l’incendie de ces hydrocarbures, il est capable de tout rembourser » s’indigne Zenaba Hissène, une des victimes.
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Awa, une des voisines de Zenaba Hissène a aussi tout perdu dans cet incendie.
« Le gouvernement doit veiller sur cette situation. Les dépôts illégaux de carburant sont partout dans notre secteur et à cause de cela, les gens perdent leurs biens. Parfois, ce sont des gens en tenue militaire qui viennent sécuriser le stockage de ces hydrocarbures. Ce qui n’est pas normal » déplore Awa.
Ce jeudi 29 décembre, les députés du 3ème arrondissement de Bangui ont organisé une conférence de presse pour se prononcer sur la situation. Ces derniers ont dénoncé un manque de prise de responsabilité des autorités.
Interdire le stockage illicite
« Nous avons constaté qu’il y a vraiment un vide. C’est la mairie du secteur qui doit prendre sa responsabilité pour protéger la population. Elle aurait dû signer un arrêté pour interdire le stockage illicite du carburant dans le 3ème arrondissement » a dénoncé Ibrahim Alhissen Algoni, député de la 2e circonscription du 3ème arrondissement.
Le ministre de l’Energie et du développement de l’Hydraulique a pris un arrêté, le mercredi 28 décembre 2022, pour interdire l’importation du carburant dans les fûts par des particuliers. Pour Mahfouz Zacharie Yaou, député de la 1ère circonscription du 3ème arrondissement, la décision du ministre est superficielle.
« Cette note ne nous concerne pas. Nous voulons que le ministre soit clair. Nous attendons qu’il nous dise qu’il est formellement interdit de stocker du carburant dans les quartiers, dans les endroits où vivent des gens. On peut importer le carburant mais, il faut le stocker à Kolongo là où la loi autorise le stockage » martèle le député.
Plusieurs incendies liés au stockage du carburant se sont déjà produits dans le 3ème arrondissement et dans certains quartiers de Bangui. Les députés de cet arrondissement entendent faire des recommandations écrites au gouvernement pour trouver une solution idoine à ce problème.