Les prix des produits pétroliers ont considérablement augmenté en République centrafricaine. Depuis ce mercredi 04 janvier, les prix d’essence, du gasoil et du pétrole ont presque doublé dans les stations-service. Le gouvernement évoque une décision avantageuse.
Après plusieurs mois de tergiversation et de crise aigüe de carburant, le gouvernement centrafricain a finalement lâché prise et cédé aux exigences des marketeurs. Le 03 janvier, un arrêté interministériel, signé des ministres de l’Energie, des Finances et du Commerce, fixe les nouveaux prix des hydrocarbures à la pompe.
Désormais, le litre de gasoil passe de 855 francs à 1450 francs soit une augmentation de près de 600 FCFA. Le litre d’essence grimpe de 865 francs à 1.300 FCFA et le pétrole s’achète désormais à 1.150 francs au lieu de 650 FCFA. Cette nouvelle tarification intervient après l’arrêt du subventionnement du commerce des hydrocarbures par le gouvernement.
Une décision s’impose
« Nous avons tenté des solutions, mais ça n’a pas donné les résultats attendus par la population. Nous avons mené des réflexions sur qu’est-ce qu’il faut faire face à l’augmentation anormale sur le marché. Nous sommes obligés de prendre une décision… », a déclaré Arthur Bertrand Piri, ministre de l’Energie de l’Hydraulique.
La décision du gouvernement est la suspension de la subvention de l’Etat à la vente des hydrocarbures.
« L’Etat ne mobilise plus ces recettes »
« Je note deux points : premièrement, la fiscalité pétrolière c.-à-d., les recettes mobilisées sur la vente des hydrocarbures varient entre 1 milliard 8 et 2 milliards voire 2 milliards 5 par mois. Depuis le déclenchement de cette crise, l’Etat ne mobilise plus ces recettes. Deuxièmement, l’Etat continue à subventionner les prix à la pompe. Sur 1 litre de super, l’Etat débourse près de 500 F, sur 1 litre de pétrole lampant, l’Etat débourse un peu plus de 600 F, sur 1 litre de gasoil, l’Etat débourse un peu plus de 500 F. A ce niveau, Il y a deux problèmes : l’Etat ne perçoit plus les recettes sur la vente du carburant mais c’est l’Etat par contre qui subventionne « , a indiqué le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique.
Décision avantageuse ?
Pour le membre du gouvernement, cette décision, bien que difficile, a plusieurs avantages.
« Nous avons juste rétabli la vérité. La vérité des prix aujourd’hui autour de ces différents prix homologués. Les avantages, c’est que les marketeurs vont vendre aux prix réels du marché. Ils auront leurs marges, des moyens pour importer et distribuer du carburant à la population centrafricaine. Deuxièmement, l’Etat va effectivement percevoir les taxes sur la vente de ces produits. Ces ressources permettront à l’Etat d’assumer convenablement ses missions », a conclu Arthur Bertrand Piri.
Pour les autorités, la décision d’augmenter les prix des hydrocarbures à la pompe a été prise après des concertations avec les organisations des transporteurs et certaines centrales syndicales. Lors d’une réunion ce 04 janvier à Bangui, le Syndicat national des transporteurs s’est dit favorable à cette mesure, mais a demandé que le gouvernement s’investisse davantage pour mettre fin aux tracasseries routières susceptibles de provoquer de fortes spéculations.
« Ce qui nous a convaincu, c’est qu’à la pompe, le prix du carburant est bas mais dans le quartier ça coûte cher. Malgré que ça coûte cher, parfois c’est de mauvais produits. Donc, avec toutes les démonstrations faites par le gouvernement, nous avons pensé qu’il était important que ça soit régularisé, que les prix soient augmentés et que le carburant se vende seulement à la pompe au lieu que ça soit vendu à l’informel avec tous les dégâts que nous avons connus : incendies, pertes de maisons et même des vies humaines… », a estimé Dimanche Wilfried Nguissimalé, Président national, facilitateur des Import-Export.
Si le gouvernement et certains syndicats se sont accordés sur l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe, de nombreux Centrafricains ont exprimé leur exaspération. Conducteurs de taxis, bus, mototaxis voire des particuliers dénoncent une augmentation exagérée.
Depuis le déclenchement de la crise des hydrocarbures en avril 2022 en République centrafricaine, le marché noir du carburant a pris le dessus. Cette pratique illégale a déjà provoqué des dizaines d’incendies à Bangui et dans certaines villes de l’intérieur du pays. Ces incendies ont causé d’énormes dégâts matériels chiffrés à plusieurs milliards de francs CFA.
Face à cette situation, le gouvernement a officiellement interdit, ce 04 janvier 2023, tout commerce et transport illicite des hydrocarbures sur l’ensemble du pays. Seuls les marketeurs reconnus sont autorisés à reprendre la main sur ce secteur.
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