Pendant que le président Faustin Archange Touadéra prend à partir de ce 17 mars la présidence tournante de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), plusieurs défis l’attendent. Parmi ces défis, il y a entre autres, la question de l’insécurité dans la sous-région, la maîtrise de l’économie et la dynamisation de la coopération. Pour les Centrafricains, les enjeux de cette présidence sont d’abord nationaux.
Pays économiquement faible avec un budget de près de 300 milliards de francs CFA, la République centrafricaine joue gros lors de la présidence tournante de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Sur le plan économique, le président centrafricain doit s’attaquer à l’inflation qui plombe l’économie de la région monétaire. Il doit aussi booster les échanges entre les pays membres de la communauté, en commençant par son pays qui, depuis fort longtemps, a des échanges dynamiques avec le Cameroun au détriment des autres Etats.
Faustin-Archange Touadéra doit aussi pallier le déficit en matière d’infrastructures afin de faciliter ces échanges. Par ailleurs, il est appelé à veiller sur la contribution des Etats pour rendre fortes les institutions de la CEMAC.
De fortes attentes en RCA
Si la communauté sœur de la CEDEAO envisage l’Echo comme monnaie commune, l’économiste centrafricain Clément Bélibanga est porteur d’un projet d’une nouvelle monnaie au sein de la zone CEMAC. Est-ce une occasion pour le pays de porter le projet de son représentant ? Une question qui reste posée.
Pour de nombreux Centrafricains, le bien-être et l’essor national doivent être au centre de cette présidence. « Ce que j’attends de lui, c’est d’utiliser toute son énergie pour le bien-être des Centrafricains et le développement du pays… Moi, j’attends qu’il fasse baisser les prix des denrées alimentaires sur les marchés… J’aimerais qu’il pense à l’aménagement des infrastructures routières du pays pour faciliter les échanges avec les autres Etats de la communauté », ont réagi certains Banguissois, interrogés par Radio Ndeke Luka.
Enjeux sécuritaires et d’intégration communautaire
Par ailleurs, plusieurs défis d’intégration réelle demeurent dans la mise en œuvre des visions de la CEMAC. Il s’agit entre autres de la problématique des crypto-monnaies dans l’espace communautaire, la place des jeunes dans la prise des décisions, la libre circulation et l’exécution de la décision des chefs d’Etat relative à la transformation locale des grumes. Sur le plan sécuritaire, les enjeux sont de plus en plus importants pour la présidence assurée par la République centrafricaine. C’est par exemple, le manque de visibilité dans l’intervention des forces militaires de la Communauté ; lesquelles forces sont effacées au profit de celles de la Communauté économique des Etat de l’Afrique centrale (CEEAC).
En outre, le nouveau président en exercice est attendu sur plusieurs dossiers à la fois. Ceci, dans un contexte où la CEMAC reste tributaire des financements de certains Etats et institutions, tels que l’Union européenne ou encore la France.
Créée en 1994 après la mort de l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale (UDEAC), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale regroupe 6 pays, notamment le Cameroun, le Congo, le Gabon, la Guinée-Equatoriale, la République centrafricaine et le Tchad. Elle a pour mission d’assurer le développement harmonieux de ses Etats membres, à travers la mise en place d’une unité économique et monétaire. Faustin Archange Touadéra prend ainsi les rênes de la Communauté 14 ans après son prédécesseur François Bozizé (2009).