Ce 24 mars 2023, il y a exactement 10 ans que la coalition des rebelles de la Séléka renversait le pouvoir du général François Bozizé. Sous la houlette de Michel Djotodia, homme fort de l’époque, qui s’était autoproclamé chef de l’Etat de transition, les conflits intercommunautaires s’en étaient aussitôt suivis. Une décennie après, le pays tente de peine renouer avec la paix malgré les initiatives appuyées par la communauté internationale.
Le 24 mars 2013, un dimanche des rameaux, Bangui la capitale se réveille sous des détonations d’armes lourdes et légères. Après des combats sanglants la veille avec les Forces armées centrafricaines, appuyées par leurs alliés sud-africains, les éléments de la Séléka parviennent à franchir la « ligne rouge » de Damara. Vingt-quatre heures après la prise de pouvoir, Michel Djotodia s’autoproclame nouvel homme fort du pays.
Cependant, après 10 mois aux affaires, la cohabitation avec son Premier ministre, Nicolas Tiangaye, issu de l’opposition démocratique, devient difficile. On enregistre alors des actes de représailles, des violations des droits humains et des pillages perpétrés par les hommes de la Séléka. Dans la foulée, une milice nommée Antibalaka, composée à majorité des militaires fidèles à l’ancien président François Bozizé, tente de renverser le régime de Michel Djotodia, le 05 décembre 2013. Cette attaque, violemment réprimée, a été suivie de vengeances, coutant la vie à plus de 1.000 personnes en un seul jour, selon des Organisations non-gouvernementales.
Contraints à la démission
Qualifiés d’impuissants face à ce conflit, qui prenait une dimension exponentielle, le président Djotodia et son Premier ministre, Nicolas Tiangaye cèdent aux pressions des présidents de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Sous l’égide de l’ancien président tchadien, Idriss Deby Itno, les deux dirigeants centrafricains démissionnent de leur poste respectif, le 10 janvier 2014 à Ndjamena au Tchad.
Le président du Conseil national de la transition, Alexandre Ferdinand Nguendet, va conduire la transition jusqu’à l’élection, le 20 janvier 2014, de Catherine Samba-Panza, ancienne maire de Bangui.
Cependant, la transition de Samba-Panza, soutenue par la communauté internationale et qui devait conduire aux élections générales, fait face à un grand nombre de défis sécuritaires et socio-politiques.
Après les élections groupées de 2016, Faustin-Archange Touadéra hérite d’un pays fortement affaibli. Ce qui l’obligera à composer avec les forces en présence, principalement les leaders des groupes armés. Face à la persistance des violences dans le pays, le régime de Bangui décroche la signature à Bangui d’un accord de paix avec les 14 groupes armés, le 6 février 2019, après de longues négociations à Khartoum au Soudan.
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Un an plus tard, six (6) groupes armés, sous l’impulsion de l’ancien président François Bozizé, claquent la porte et créent à Kamba-Kota, au Nord du pays, la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Objectif : renverser le pouvoir de Bangui. Cette coalition mènera plusieurs offensives à travers le pays jusqu’à parvenir, le 13 janvier 2021, aux portes de Bangui avant d’être repoussée par les forces loyalistes.
Des victimes dans l’attente de la justice
Aujourd’hui, la République centrafricaine peine à renouer avec la paix malgré de multiples initiatives de la communauté internationale. Le Président Touadera se voit obligé de faire appel aux paramilitaires russes de Wagner et aux forces spéciales rwandaises afin de contenir les ambitions de son ancien mentor François Bozizé, actuellement en exil en Guinée-Bissau. Le putsch de la Séléka et toute la chaîne d’événements qui s’en est suivie, ont fait des milliers de victimes. Dix ans après, les victimes attendent que justice soit faite.
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