Ce 04 avril 2023, l’armée centrafricaine fête ses 62 ans. Ceci, dans un contexte où elle poursuit le processus de sa refondation avec des réformes tendant d’une armée de projection à une armée de garnison. Cependant, le chemin parcouru est encore long pour cette armée, jadis d’élite mais aujourd’hui en quête de sa lettre de noblesse.
Créée par Jean-Bedel Bokassa en 1961, l’armée centrafricaine faisait, jadis, la fierté du pays avec son Centre d’instruction de Bouar dans l’Ouest. Lequel formait des cadres militaires de la sous-région, à l’exemple de feu président gabonais Omar Bongo Ondimba ou encore de Denis Sassou Nguesso et bien d’autres. Certains de ces cadres ont eu à exercer le pouvoir de l’Etat en République centrafricaine. Il s’agit notamment de Jean-Bedel Bokassa, André Kolingba et François Bozizé. Cependant au fil de temps, les Forces armées centrafricaines, traversées par des considérations ethniques, sont passées d’une armée d’élite à une armée minée par la politique et la mauvaise gouvernance.
Un long cycle d’instabilité
Les leçons apprises des mutineries successives n’ont pas apporté de réponses appropriées aux problèmes politico-sécuritaires que connaît le pays. Les Etats généraux de l’armée n’ont pas suffi, non plus. L’armée, qui a tenté malgré tout de jouer son rôle de défense du territoire, fera face à un long cycle d’instabilité, dû aux renversements de pouvoirs politiques en 2003 et en 2013. Une situation qui a désorganisé le système de sécurisation du pays au point qu’il devienne dépendant de l’assistance des pays amis.
Le coup de grâce, c’est l’embargo qui a frappé l’appareil de défense pour la première fois de son histoire en 2013. Les conséquences sont bien fâcheuses sur l’élan et la configuration que la politique veut donner à cette armée.
Des tentatives pour sortir de l’impasse
Il y a eu plusieurs pistes. D’abord, la révision de l’Accord de défense avec la France, la signature d’un Accord de défense avec la Fédération de Russie et bien d’autres pays comme le Rwanda, constituent des initiatives phares pour pallier le problème. Le gouvernement a mis en place le Plan de défense nationale. Lequel plan projette d’augmenter la taille de l’armée mais aussi de modifier sa configuration, passant d’une armée de projection à une armée de garnison. Seulement, le faible niveau des ressources économiques du pays contraste bien avec l’investissement majeur dont l’armée a besoin pour bien accomplir sa mission.
Plus de 60 ans après s création, l’armée centrafricaine, qui traquait les assaillants et autres bandits de grands-chemins, se voit aujourd’hui harcelée par des groupes rebelles à travers des attaques à répétition sur ses bases à l’intérieur du pays. L’armée nationale doit ainsi relever ce défi afin de retrouver sa gloire d’antan.
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