Les violents affrontements qui se poursuivent au Soudan commencent à répercuter sur les activités socio-économiques en République centrafricaine, précisément dans les régions du Nord-est. En plus de la hausse des prix des produits alimentaires, un important mouvement de la population est observé à Amdafock, à la frontière centrafricaine.
Près de deux semaines après le déclenchement des violences armées entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dans la capitale soudanaise et dans plusieurs régions du pays, le Nord-est de la République centrafricaine commence à subir les effets de cette crise. Dépendantes du Soudan pour se ravitailler, ces régions sont menacées par la rupture de certaines denrées alimentaires et la hausse des produits sur le marché.
A Birao, dans la préfecture de la Vakaga, de nombreux habitants s’inquiètent des conséquences de ce conflit meurtrier, qui ravage le grand voisin. Si les uns craignent la paralysie de leurs activités économiques, d’autres, par contre, sont préoccupés par la porosité de la frontière centrafricaine, faute de déploiement des soldats centrafricains.
Important mouvement de la population
Selon les autorités préfectorales de la Vakaga, un important mouvement de la population est observé à Amdafock, localité centrafricaine, frontalière avec le Soudan. Selon les mêmes autorités, plusieurs centaines de civils, pour la plupart, des femmes et des enfants sont arrivés à Amdafock. Ces personnes ont fui les combats.
« Ce sont des gens qui viennent du Soudan. Ils fuient les combats pour se réfugier à Amdafock Centrafrique. Pour l’instant, ils sont plus d’un millier, hommes, femmes et enfants. Ils viennent chaque jour. Avant-hier, nous avons tenu une réunion avec le Consul et l’attaché militaire du Soudan à Birao pour voir comment assister ces personnes. Pour le moment, nous attendons les moyens pour les installer à Birao afin qu’ils soient pris en charge. Le HCR et le CICR sont déjà alertés », a indiqué Léonard Mbelle, Préfet de la Vakaga.
Les autorités de Birao craignent un afflux de réfugiés dans les jours à venir si « le conflit persiste ».
La porosité des frontières inquiète
Officiellement, Bangui n’a pas encore commenté les évènements au Soudan. Mais, des voix s’élèvent déjà au sein de l’opposition et des proches du pouvoir pour alerter sur la sécurisation des frontières de la République centrafricaine avec son grand voisin du Nord-est. La dernière réaction date de ce vendredi 28 avril 2023. C’est celle de Sébastien Wénézoui. Lors d’une conférence de presse, le Conseiller du président centrafricain et chef du parti Cohésion centrafricaine pour la réconciliation (CCR).
« J’appelle à des mesures préventives »
« Nous voulons alerter le peuple centrafricain et toute la communauté internationale que si un des généraux, belligérants au Soudan, tombe, des réfugiés civils et militaires vont s’installer sur notre territoire, surtout que nos frontières sont poreuses. C’est pourquoi, j’appelle à des mesures préventives afin d’éviter que nous revivions l’histoire de Baba Ladé, Ali Darassa et autres, qui se sont installés en Centrafrique et qui se sont pris pour des Centrafricains. Les déloger était difficile. Plus de 300 militaires soudanais, fuyant les combats, se sont rendus aux forces armées tchadiennes. Ainsi, nous demandons au gouvernement d’instruire la Minusca de déployer ses troupes à Amdafock afin de sécuriser notre frontière», a lancé Sébastien Wénézoui.
Depuis le début des affrontements meurtriers, le 15 avril, au Soudan, plus de 500 personnes sont déjà tuées et plus de 4000 autres blessées. Malgré une deuxième trêve de 72 heures, des crépitements d’armes et des explosions sont toujours entendus dans la capitale soudanaise et dans certaines villes du pays.
– Lire aussi : Centrafrique : ouf de soulagement après la réouverture de la frontière soudanaise