Depuis près de cinq ans, plus de 6.000 déplacés internes campent sur le site du Pk3 à Bocaranga, sur l’axe Bouar. Ces derniers, malgré l’appui de certaines ONG humanitaires, vivent dans l’extrême précarité et manquent presque de tout. Les autorités locales, elles, comptent toujours sur l’apport des humanitaires, en attendant la réaction du gouvernement.
Installés sur le site du PK3 depuis 2018 par les autorités locales de Bocaranga, plusieurs centaines de déplacés sont rongés par la misère. Ils habitent dans des huttes en pailles et n’ont pas de literie appropriée. L’accès à l’eau potable voire aux soins de santé reste un vrai problème. Kadidiatou Bobo et ses 4 enfants ont quitté Bozoum pour s’installer sur ce site depuis au moins 2 ans.
« Nos biens ont été saccagés et brulés »
« Nous n’avons rien pour l’instant. Nos biens ont été saccagés et brûlés. La maison dans laquelle nous vivons ici s’est totalement dégradée et les bâches sont trouées. Lorsqu’il pleut, nous sommes exposés. Nous vivons grâce aux petites activités agricoles et à la vente de bois de chauffage », déplore Kadidiatou Bobo.
Certains déplacés, dépassés par les difficultés quotidiennes, sont obligés de travailler comme ouvriers dans des champs pour gagner leurs pains.
« C’est depuis près de 2 ans que nous sommes là. Nous avons intégré le groupement agricole. Depuis, nous y travaillons, mais nous n’avons encore rien trouvé. Parfois,nous sommes obligés d’aller travailler chez les autres en vue d’avoir 250 ou 500 francs pour pouvoir survivre », fait savoir Hadja Fané, une déplacée venue de Bozoum.
En plus de cette précarité sociale, ces déplacés font face au problème de libre circulation, faute de carte nationale d’identité. Un fait dénoncé par les responsables du site.
« Mon fils ne peut pas circuler librement »
« Après la crise, tout le monde a perdu ses biens, notamment les documents. Là par exemple, mon fils ne peut pas circuler librement. On lui demande régulièrement sa pièce d’identité. Comme il n’en a pas, il est arrêté à chaque interpellation et on doit verser de l’argent. Or, nous n’avons rien. Ce sont nos femmes qui font de petits boulots pour s’occuper de nous », affirme Salimou Moussa, représentant des déplacés.
Malgré l’appui de certaines ONG, les besoins de ces déplacés, selon les autorités locales, sont encore immenses.
« On tend toujours la main aux ONG »
« Pour le moment, les organisations non gouvernementales volent beaucoup au secours de ces frères rapatriés. Elles les assistent en nourriture et quelques kits d’installation. Nous, on tend toujours la main aux ONG installées dans la ville, en attendant que le gouvernement ne puisse agir », indique Aimé-Césaire Koudoumon, maire de Bocaranga.
Ces déplacés, qui vivaient de l’élevage, sont aujourd’hui obligés de s’orienter vers l’agriculture avec le soutien de l’Association des groupements de producteurs des semences vivrières. Ils disposent d’une grande parcelle arable à quelques mètres de leur site.
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