La 8e édition de la journée nationale en mémoire des victimes des conflits armés a été célébrée, ce jeudi 11 Mai, à Bangui. Les festivités se sont déroulées au rond-point des Martyrs en présence du Premier ministre, Félix Moloua et de nombreuses autres personnalités.
Lors de cette célébration, certaines victimes et leurs représentants ont étalé aux autorités centrafricaines et aux partenaires les souffrances et traumatismes qu’ils continuent de subir après les multiples crises militaro-politiques que le pays a connues. Les larmes aux yeux, des victimes expliquent le calvaire qu’elles endurent depuis 2013.
« Que la justice nous soit rendue »
« Lors des derniers évènements douloureux, j’ai perdu mon fils et ma maison a été détruite. Tous mes biens ont été emportés. Je demande réparation pour tous mes équipements que j’ai perdus. En ces temps où nous vivons, nous souffrons. Que la justice nous soit rendue », a supplié Albert-Francis Mbremandji, une victime.
Un opérateur économique de Obo, qui a passé deux ans avec les rebelles de la LRA de Joseph Kony, réclame lui aussi justice.
« La LRA a semé la désolation parmi la population centrafricaine »
« Les autorités centrafricaines ne veulent pas prouver à l’opinion internationale que la LRA a semé la désolation parmi la population centrafricaine. Donc, nous, victimes de la LRA, voulons que la justice nous soit rendue et, la réparation faite pour nous », a réclamé Aubin Koto-Kpinzè, une victime de la LRA.
– Lire aussi : Centrafrique : plus de 11.000 victimes ont besoin d’une prise en charge holistique
Pour la coordonnatrice du collectif national des associations des victimes de Centrafrique, jusque-là, rien n’est fait par le gouvernement pour apaiser la souffrance des victimes.
« Qu’on nous dise la vérité sur le sort réservé aux victimes »
« De nombreuses victimes sont mortes sans aucune réparation. Chaque année, ce sont des redites, il n’y a pas de changement et tout reste au niveau des discours. Les victimes sont muselées et on ne leur permet pas de parler, de faire connaître leurs problèmes. Cette année, nous voulons qu’on nous dise la vérité sur le sort réservé aux victimes », a souhaité Evodie Ndémadé, Coordonnatrice du collectif national des associations des victimes de Centrafrique.
Devant ces préoccupations, le gouvernement indique que des initiatives sont lancées pour répondre à ces inquiétudes.
« Leurs cris sont entendus »
« Elles ont tout à fait raison. La République doit tout mettre en œuvre pour aller vers la vérité-réparation. Mais il faut aller avec une cadence en tenant compte de nos réalités. Les orientations du Chef de l’Etat sont en train d’être mises en œuvre. C’est pour dire à toutes les victimes que leurs cris sont entendus », a rassuré le Premier ministre, Félix Moloua.
La célébration est aussi marquée par le dépôt des gerbes de fleurs au monument des Martyrs et au centre des Martyrs de Fatima. Cette commémoration en mémoire des victimes des conflits en République centrafricaine fait partie des recommandations du Forum national de Bangui, tenu en 2015. Elle a été instituée par décret présidentiel en 2016.
Cette année, elle a été boycottée par la Ligue centrafricaine des droits de l’Homme (LCDH). Selon l’organisation de défense des droits de l’Homme, la célébration ne servirait à rien si des victimes continuaient d’être enregistrées à travers le pays.
– Lire aussi : Centrafrique : La Cour Spéciale confrontée à la question des réparations