La question du changement de la constitution continue d’alimenter les débats au sein de l’opinion nationale. Si l’opposition démocratique juge illégale cette démarche, le pouvoir, lui, s’en réjouit après la convocation du corps électoral par le président de la République.
En marge d’une conférence de presse organisée le 6 juin à Bangui, le Bloc républicain pour la défense de la constitution (BRDC) a indiqué que le processus enclenché par le chef de l’Etat est illégal. Pour lui, il n’est autre qu’un coup d’Etat constitutionnel.
« Nous ne pouvons accepter cette forfaiture »
« C’est un coup d’Etat constitutionnel contre le peuple centrafricain. Le Forum de Bangui a dégagé 3 principes que le peuple ne veut pas qu’on change. Notamment, la prise de pouvoir par les armes ; nul ne peut faire plus de 2 mandats de 5 ans ; aucun responsable de l’exécutif n’est autorisé à donner à une personne physique ou morale le droit d’exploiter les ressources de notre pays sans passer par l’Assemblée nationale. Nous ne pouvons accepter cette forfaiture », a martelé Martin Ziguélé, porte-parole du BRDC.
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Pour sa part, la plateforme Bé oko, une organisation politique qui soutient les actions du gouvernement, se félicite de la convocation du corps électoral tout appelant les Centrafricains à adhérer au processus.
« Une démarche tracée par la Constitution »
« La démarche entreprise par le chef de l’Etat est celle tracée par l’article 90 de la constitution du 30 mars 2016. Lequel autorise le président de la République, après consultation des présidents du Sénat, de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, à soumettre au référendum tout projet de loi susceptible d’avoir des répercussions profondes sur l’avenir de la Nation. La plateforme appelle les Centrafricains à voter « oui » pour la nouvelle constitution », a rétorqué Thierry Akoloza, coordonnateur national de la plateforme Be oko.
S’agissant du projet de cette nouvelle loi fondamentale, le groupe d’experts nationaux chargés de rédiger le document a indiqué que l’idée de la nouvelle Constitution n’a rien à voir avec la question de 3ème mandat.
« On a essayé de distraire les Centrafricains »
« Il faut dissocier la question de la nouvelle Constitution avec un quelconque 3ème mandat. Si nous avons une nouvelle constitution, ça témoigne que c’est une nouvelle République. A ce moment, le compteur retombe à zéro. Mais, il n’y aura pas de 3ème mandat. On a essayé de distraire les Centrafricains en leur disant qu’à travers cette constitution, le président Touadéra veut s’éterniser au pouvoir. Qui vous dit qu’il sera candidat et qu’il gagnera ? C’est le peuple qui va décider », a argumenté Evariste Ngamana, chef de l’équipe d’experts nationaux.
Lors d’une adresse à la Nation, le 30 mai dernier, le président de la République, Faustin-Archange Touadéra, a soumis au référendum le projet d’une nouvelle Constitution de la République centrafricaine. Un sujet qui, depuis près d’un an, divise l’opinion nationale.
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