Près d’un mois après la publication, par un groupe d’individus, des séries de vidéos appelant à une insurrection populaire, le parquet de Bangui ouvre une enquête judiciaire. Selon le bureau du procureur, les actes cités dans les diverses communications sont d’une extrême gravité et susceptibles de complot, d’appel à l’insurrection armée et d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat…
Dans son communiqué de presse, rendu public ce 12 juin, le parquet de Bangui a brandi l’arme judiciaire. Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Bangui a indiqué que dans une vidéo du 18 mai dernier, relayée sur les réseaux sociaux, le nommé Rodrigue Charly Kokama, se présentant comme le porte-parole d’une organisation dénommée « Collectif des officiers libres des Forces armées centrafricaines (Colfac) », a appelé les Forces vives de la nation à une insurrection populaire contre les pouvoirs publics et à renverser le régime en place.
« Renverser le pouvoir exécutif »
« Ce groupe criminel, dans sa publication du 18 mai 2023, a informé l’opinion nationale et internationale de la désignation d’un certain Rodrigue Charly Kokama comme porte-parole du Cofac. Ce dernier a enregistré et publié une communication vidéo appelant toutes les forces vives de la nation à une insurrection populaire, suivie d’un coup d’Etat tout en faisant appel à Monsieur Ferdinand Alexandre Nguendet en vue de renverser le Pouvoir Exécutif », précise le communiqué.
Pour le parquet, ces déclarations sont d’une extrême gravité et susceptibles de provoquer des troubles à l’ordre public et à la paix dans la ville de Bangui.
Atteinte aux Institutions de la République
« Ces différentes déclarations font état, de manière délibérée, de l’intention manifeste des membres de ce nébuleux groupe de provoquer d’importants troubles dans la ville de Bangui par violence armée dans le but de porter atteinte aux institutions de la République et à l’intégrité physique de certaines hautes personnalités bien identifiées » affirme le parquet.
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Selon le communiqué, Ferdinand Alexandre Nguendet, jadis président du Conseil national de transition, s’est autoproclamé président de la transition tout en indiquant avoir répondu à l’appel de ce collectif.
Un plan élaboré ?
« Et comme pour répondre à l’appel lancé, Monsieur Ferdinand Alexandre Nguendet s’est autoproclamé Chef de l’Etat de transition, dans l’optique de mettre en exécution le plan de changement des institutions républicaines élaboré par le Cofac et la CPC » poursuit le parquet.
Face à ce qu’il qualifie d’extrême gravité et d’atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, le parquet de Bangui indique avoir ouvert une enquête contre les auteurs de ces publications.
« Une enquête judiciaire est ouverte »
« Les différents agissements constatés dépassent le cadre des libertés publiques et peuvent tomber sous le coup de la loi pénale. Mais d’ores et déjà, une enquête judiciaire est ouverte contre le porte-parole du Cofac et Monsieur Ferdinand Alexandre Nguendet qui sont en train de préparer ce mouvement insurrectionnel contre les Pouvoirs Publics en vue de déstabiliser les institutions de la République », déclare le parquet.
La décision du parquet de Bangui intervient quelques jours après la réaction du collectif des officiers généraux des Forces de défense et de sécurité nationales, montrant sa désolidarisation de l’appel de Ferdinand Alexandre Nguendet.
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