Après des critiques contre le pouvoir, certains opposants au projet d’une nouvelle constitution se disent menacés. C’est le cas de Karl Blagué et Ben Wilson Ngassan, deux critiques au projet du référendum constitutionnel soutenu par le gouvernement. Ces derniers affirment avoir reçu, la semaine dernière, la visite d’hommes armés à leurs domiciles. Inquiète, l’ONG Human Right Watch appelle à l’ouverture d’une enquête.
Karl Blagué et Ben Wilson Ngassan, respectivement coordonnateur national et porte-parole du G-16, une organisation militant contre la modification de la Constitution du 30 mars 2016, vivent depuis quelques jours dans la clandestinité. Selon leurs témoignages, leurs domiciles ont été fouillés par des hommes armés assimilés aux « requins », un groupe de militaires proche du pouvoir de Bangui.
«Ma vie est réellement en danger»
« La semaine dernière, mon domicile a fait l’objet de fouilles de la part d’hommes en armes. Ceux-ci ont fait irruption chez moi pendant mon absence, prétextant venir chercher des armes que j’aurais gardé. Ils ont cassé ma porte et saccagé toute la chambre. Aujourd’hui, je me mets à l’abri parce que ma vie est réellement en danger. Tout ce qu’on me reproche, c’est ma proximité avec le professeur Jean-François Akandji-Kombé », a témoigné Ben Wilson Ngassan, porte-parole du G-16.
Le voisinage de l’opposant décrit une scène de terreur, soulignant que ces hommes armés étaient à bord de véhicules banalisés.
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Contraint à l’exil en France dans les mêmes conditions, Dominique Désiré Erénon se dit offusqué par cet acte.
«Nous tiendrons pour responsables, tous ceux-là»
« Nous sommes profondément choqués et inquiets, vu les menaces qui pèsent sur tous les démocrates ; surtout les opposants. Mais, je ne suis guère étonné de ces pratiques d’intimidation et de terreur sur les opposants et les membres de la société civile. Nous tiendrons pour responsables, tous ceux qui s’adonnent à ces pratiques d’intimidation contre les opposants et membres de la société civile qui donnent un avis contraire à celui des partisans du «oui» au référendum », a fustigé Dominique Désiré Erénon, opposant et président du parti Marche pour la démocratie et le salut du peuple (MDSP).
Contacté par la rédaction de Radio Ndeke Luka, un cadre du parti au pouvoir rejette la responsabilité du régime dans cette traque d’opposants. La même source conseille aux concernés de saisir la justice.
De son côté, Human Right Watch se dit également inquiet. L’organisation de défense des droits de l’Homme appelle à l’ouverture d’une enquête judiciaire.
« Cela mérite au moins une enquête légale »
« C’est difficile de confirmer les faits. Mais je viens de discuter avec un des leaders et sa version des faits est inquiétante. Cela mérite au moins une enquête légale pour savoir franchement ce qui se passe. Comment se fait-il que des gens dans un véhicule inconnu soient arrivés chez lui pour l’accuser d’être membre d’un groupe armé et de vouloir chercher des armes », a sollicité Lewis Mudge, directeur Afrique à Human Right Watch.
Quant au parquet de Bangui, il n’a pas souhaité faire de commentaire sur le sujet. Car, dit-il, aucune plainte n’a été déposée concernant cette affaire.
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