La situation sécuritaire se dégrade davantage à Zémio dans le Haut-Mbomou. Située à plus de 1.000 km de Bangui, depuis plus de 6 ans, aucune force de sécurité intérieure n’est visible dans cette ville. Les hommes armés règnent en maître dans la localité. La population se dit abandonnée à elle-même.
Dans la ville de Zémio, localité située dans le Sud-est de la République centrafricaine, le sous-préfet et le maire sont les seuls représentants des pouvoirs publics. A une dizaine de kilomètres de là, au village Litoua, avec un regard désespéré, Thierry Ngouakpio raconte son quotidien dans ce climat d’insécurité généralisé.
« Nous vivons sous la menace »
« Il n’y a pas de militaires ici à Zémio. Nous vivons quotidiennement sous la menace. Les assaillants viennent souvent emporter nos récoltes et nos poulets. Parfois, ils pénètrent dans nos maisons avec des armes en main pour exiger de l’argent. Si vous n’en avez pas, ils vous passent à tabac. Nous avons un sérieux problème de sécurité », déplore Thierry Ngouakpio, un habitant.
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Pour le moment, il n’existe aucune unité de la force publique à Zémio. Le contingent marocain de la Minusca est la seule force qui essaie d’assurer la protection des biens et des personnes.
« La ville est restée telle qu’elle est »
« Aujourd’hui, il n’y a pas de sécurité dans la région. Il n’y a ni militaire, ni gendarme, ni policier. Raison pour laquelle, la ville est restée telle qu’elle est. Souvent en cas de litiges, ce sont les autorités locales, notamment les chefs de quartier et les maires qui les traitent au civil », souligne Albert Koufounda, un évangéliste basé dans la ville.
Selon la population locale, la souveraineté nationale est remise en cause avec cette faiblesse sécuritaire. Même si les autorités locales s’attribuent les fonctions dévolues aux pouvoirs publics, elles appellent, néanmoins, le gouvernement à songer à l’envoi des unités de défense et de sécurité pour sauvegarder la présence de l’Etat.
« J’implore l’Etat d’envoyer des unités »
« C’est difficile d’aborder cette question de sécurité. Puisque, ce sont les militaires et les policiers qui sont habilités à sécuriser un pays et sa population. Malheureusement, chez nous, on vit sans ces services. J’implore le gouvernement d’envoyer les forces de défense et de sécurité ainsi que les forces de sécurité intérieure dans la zone », implore Aroun Bi-Ndjobdi, sous-préfet de Zémio,
Zémio renaît progressivement de ses cendres. Ceci, après de graves crises sécuritaires qu’elle a connues en 2017. Aujourd’hui, l’accès aux services sociaux de base reste un défi majeur pour ses habitants.
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