La ville de Zemio dans la préfecture du Haut-Mbomou (Sud-est) connaît un taux record d’infection au VIH/Sida. Selon les statistiques locales, près de 50% des personnes testées par les services de santé sont positives aux IST/VIH. Selon des sources sanitaires, la crise sécuritaire et les navettes transfrontalières entre la RDC, le Soudan du Sud et la RCA contribuent à la propagation de la pandémie.
La ville de Zemio, située à 1112 kilomètres à l’Est de Bangui, connaît une situation dramatique depuis plusieurs années. Les récurrentes crises sécuritaires, qui ont affecté la région du Haut-Mbomou, ont plongé cette ville d’environ 50.000 habitants dans ce que d’aucuns qualifient de « catastrophe sanitaire ». Le taux de prévalence du VIH/Sida y est élevé. En cause, l’absence d’une prise en charge adéquate des malades, le manque de suivi et la rupture des antirétroviraux (ARV). A cela s’ajoute la rupture des préservatifs depuis plus de trois mois. 3 pièces de préservatifs s’achètent à 200 FCFA voire plus.
Au centre de traitement à l’hôpital de Zemio, on dénombre près de 2.000 personnes sous traitement ARV. Malheureusement, le plan de riposte peine à se mettre en place. Une situation qui inquiète les professionnels de santé.
« 1825 patients prennent régulièrement leurs médicaments »
« Nous n’avons pas de préservatifs et puis le nombre d’animateurs est insignifiant parce qu’il y a beaucoup de patients. Ces derniers se plaignent parce qu’ils ont des difficultés pour manger afin de prendre leurs médicaments. 1825 patients prennent régulièrement leurs médicaments», a déploré Sylvain Mboliki, consultant PVVIH de Zemio.
Du côté des patients, l’inquiétude est aussi grande face à la rupture des ARV. Ceux-ci craignent la dégradation de leur état de santé.
« C’est depuis 12 ans que je suis sous traitement ARV »
« J’ai été mise sous traitement depuis Bangassou. J’ai donné naissance à 4 enfants dans ces conditions. Je demande aux partenaires de nous ravitailler en médicament car ces produits nous soulagent. C’est depuis 12 ans que je suis sous traitement ARV », a témoigné une patiente.
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La faiblesse du système sanitaire à Zemio n’est pas favorable à la lutte contre la pandémie du Sida. L’hôpital de district de la ville ne dispose que d’un seul médecin. Un effectif loin de répondre au ratio d’un médecin pour 10 mille malades recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une forte prévalence
« Nous avons un problème de prévention. Les gens vont avec qui ils veulent et du coup, cela nous donne cette prévalence. Nous sommes à 40, 45% si nous prenons une population de 100 personnes surtout parmi la population déplacée. Donc vraiment, nous avons une forte prévalence », a reconnu Beauvier Perard Guéréndoumba, médecin chef du district sanitaire de Zemio.
Vu l’ampleur de l’urgence sanitaire dans la région, l’OMS a dépêché une équipe d’experts à Zemio pour appuyer le personnel soignant dans la riposte. Cependant, l’insécurité ne rend pas la tâche facile.
L’insécurité, un handicap à la prise en charge
« Il y a l’insécurité qui sévit. Donc, c’est difficile de retrouver les patients qui courent de gauche à droite. Cela joue énormément sur la prise en charge des malades. Quelqu’un qui s’est réfugié en brousse ne peut plus venir chercher ses médicaments. A un moment donné, il va vivre sans ses médicaments et son état de santé peut se dégrader », a expliqué Aristide Jean-Michel Kparafei, Consultant national OMS à Zemio.
Selon des activistes locaux, si rien n’est fait, la pandémie du Sida risque de décimer la population de Zemio, une des localités centrafricaines les moins peuplées.
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