La Société de distribution d’eau en Centrafrique (Sodeca) a du plomb dans l’aile. Selon plusieurs sources, le bon fonctionnement de cette entreprise parapublique est miné par la mauvaise gestion financière, le népotisme, le clientélisme et le trafic d’influence. Des accusations rejetées par les responsables de cette société.
Selon les informations reçues de certaines sources au sein de la Sodeca, les travailleurs cumulent trois mois d’arriérés de salaire, l’entreprise est surendettée auprès des banques de la place et la société a de réelles difficultés de fournir régulièrement de l’eau potable à tous les consommateurs de Bangui.
Selon les mêmes sources, la descente aux Enfers a commencé en février 2023. Elle serait due en grande partie à « la gabegie, au népotisme, au trafic d’influence et à la mauvaise gestion, érigés en mode de gestion au sein de l’entreprise ». Conséquences, le salaire du personnel n’est pas versé à terme échu ces derniers mois.
« La liquidité est insuffisante »
«Les agents ne perçoivent pas la totalité de leur salaire depuis plusieurs mois. Une somme de 100 mille francs est exigée comme versement aux employés en lieu et place des salaires qui dépassent 200 mille francs. La raison est que la liquidité est insuffisante pour éponger le salaire de tout le personnel», a dénoncé un agent de la Sodeca sous couvert d’anonymat.
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La direction générale de la Sodeca reconnaît la tension de trésorerie que traverse la société, mais rejette en bloc toutes les accusations de gabegie, de népotisme, de trafic d’influence et de mauvaise gestion financière.
« …quelques difficultés sur lesquelles nous travaillons »
« J’ai d’abord été coordinateur des projets puis directeur technique avant d’être nommé directeur général de la Sodeca. Pourquoi n’avais-je pas placé mes proches ou amis à des postes comme d’aucuns veulent le faire croire ? Il n’y a pas d’arriérés de salaire ici. C’est vrai que la société connaît quelques difficultés sur lesquelles nous travaillons en ce moment. Nous travaillons évidemment sous la surveillance de la Cour des comptes, du ministre contrôleur général… », a rétorqué Eric Mégalos-Dima, directeur général de la Sodeca.
Le directeur général reconnaît également que dans le cadre de l’accompagnement, la société a contracté des prêts auprès des banques de la place et elle est en train de les rembourser.
Par ailleurs, d’autres sources révèlent à Radio Ndeke Luka qu’un sérieux problème de logistique se pose au sein de la société car plusieurs véhicules de services ne sont plus fonctionnels. Les employés expliquent que les fonds prélevés sur leurs salaires pour les allocations familiales ne sont jamais reversés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) ; ce qu’ils jugent très dangereux pour leur retraite. La direction générale reconnaît ce manquement et parle d’un moratoire déjà signé avec la CNSS pour résoudre le problème.
Pour le moment, la SODECA n’est pas en mesure de fournir de l’eau potable à toute la population de Bangui. En cause, ses équipements sont tombés dans un état de vétusté, les projets financés par les partenaires comme le CICR et la Banque mondiale sont suspendus depuis 2020 pour des raisons non encore élucidées.
De même, la société peine à percevoir du Trésor public ses redevances évaluées hebdomadairement à 10 millions de FCFA que l’Etat doit lui verser. Aujourd’hui, il y’a une rupture de confiance entre la Sodeca et sa clientèle. Certains clients estiment qu’ils n’avaient pas été régulièrement fournis en eau potable et donc refusent de payer les factures mensuelles.
Certains acteurs du secteur pensent que la Sodeca, unique société en charge de production et de distribution d’eau potable en République centrafricaine, doit améliorer sa gestion pour offrir de l’eau potable à la population.
-A écouter : Sodeca : « Certes, il y a une tension de trésorerie. Mais, on n’a pas d’arriérés de salaire »