Fini le racket et les ventes parallèles de médicaments, à l’Hôpital Communautaire ? Le Directeur de cet hôpital public de la capitale centrafricaine a lancé une vaste opération contre la corruption qui gangrène la structure. L’opération est effective depuis quelques jours. Il s’agit de détecter les agents de santé, raketeurs et vendeurs clandestins de produits pharmaceutiques aux patients sans prescription médicale, au sein de l’Hôpital Communautaire.
Romain GUITINZIA, médecin et directeur de l’Hôpital Communautaire, mène cette croisade contre la corruption. Il demande désormais aux patients d’être vigilants et de dénoncer toute tentative de corruption.
Une affiche bien évidence devant le portail alerte malades et visiteurs. Il leur est demandé de dénoncer les membres du personnel qui réclament induement de l’argent pour dispenser des soins ou leur propose des médicaments à acheter en dehors du circuit normal.
Les premiers résultats de cette campagne contre la corruption. Trois agents ont été dénoncés par des malades. Mais on ignore pour le moment les suites données par la direction à ces dénonciattions.
La corruption dans le secteur de la santé est devenu un phénomène porté récemment au devant de l’actualité en Centrafrique. C’est la société civile qui est montée au créneau pour exiger que des mesures soient prises pour l’éradiquer. A travers le CIONGA (Conseil Inter ONG en Centrafrique), elles ont dénoncé les disfonctionnements constatés au sein des services publics de la santé. « Inutile de se rendre à l’hôpital, si on ne dispose pas d’argent. Les rackets se multiplient et coûtent la vie à beaucoup de centrafricains ». Ainsi s’exprimait Modeste Gonda, président du CIONGA, pour interpeler le 29 avril 2011, le Médiateur de la République, Mgr Pomodimo.
L’élément déclencheur de cette dénonciation remonte au décès survenu une semaine auparavant d’une femme professeur à l’Université de Bangui suite à un manque de soins et d’assistance lors d’un accouchement.
La société civile a demandé l’ouverture d’une enquête afin de faire la lumière sur la défaillance médicale qui est la cause du décès de cette jeune scientifique de l’Université de Bangui. Dans sa saisine du Médiateur, le CIONGA a fait remarquer qu’il y avait ce jour-là absence d’un médecin à l’Hôpital due au fait que les médecins préfèrent travailler dans leurs cliniques privées aux heures où ils devraient être dans les services publics.
De l’avis du CIONGA, la corruption est l’un des plus grands maux des hôpitaux en Centrafrique. Le phénomène ne concerne pas seulement les médecins, mais tout le personnel de santé est affecté. Il consiste à conditionner les soins à donner à un patient à des frais parallèles. Sans argent, le patient est appelé à rentrer chez lui, quitte à mourir.
Mgr Pomodimo a déjà reçu une délégation de l’Ordre des médecins et dentistes de Centrafrique. Selon le communiqué publié à l’issue de la rencontre, il a été question des difficultés du secteur de la santé et de la pratique de la corruption dans le milieu.
Lors de la première visite du nouveau ministre de la santé à l’Hôpital Communautaire, en avril dernier, le personnel avait décrié le manque du plateau technique ainsi que le nombre limité des ressources humaines. Des contraintes qui freinent une large couverture sanitaire pour l’ensemble du pays.