En bon voisin et partenaire au sein de l’espace CEMAC, le président François Bozizé ne pouvait être absent du sommet de l’Union Africaine qui s’ouvre ce jeudi 30 juin 2011 à Malabo en Guinée Equatoriale. Mais au contraire du sport, l’essentiel à Malabo, n’est pas seulement de participer. Il faut faire entendre sa voix et participer aux prises de décisions engageant le continent.
De quel poids pèse la RCA au sein de l’Union africaine ? Rarement, on a entendu la voix de la Centrafrique sur les grandes questions en débat sur le continent. Quelle est la position des autorités de Bangui sur la Lybie ? Khadafi doit-il partir ? Les bombardements des avions de l’OTAN sont-ils justifiés ? Que pense Bangui du mandat d’arrêt lancé par la CPI contre le guide libyen ? Précédemment, on n’a jamais enregistré une prise de position centrafricaine sur les événements de Côte d’Ivoire, de Tunisie, d’Egypte.
Tiédeur de la diplomatie centrafricaine ? Manque d’intérêt ? Absence de leadership ? Ou tout cela à la fois ?
Pourtant et à contrario, l’Union Africaine manifeste de l’intérêt pour la Centrafrique. On a vu récemment Jean Ping, le président de la Commission de l’Union défendre avec énergie la position selon laquelle, la communauté internationale doit aider ce pays et soutenir les efforts de développement entrepris par les autorités. Le plaidoyer a porté ses fruits, ce dont s’est félicité publiquement le premier centrafricain à l’occasion d’une récente conférence de presse.
En outre un bureau de liaison de l’Union africaine existe à Bangui depuis bientôt 4 ans. On a vu récemment (le 25 mai dernier) Madame Youssouf AWA, la cheffe du bureau, remettre « la flamme de la paix au Premier Ministre Faustin Archange Touadéra, à l’occasion de la Journée de l’Afrique. Ce geste était posé « pour rappeler aux Chefs des Etats africains le respect des textes et engagements pris dans le cadre de la résolution des conflits et la consolidation de la paix ».
N’oublions pas le dossier LRA. L’initiative de coopération régionale contre la rébellion ougandaise de l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony se concrétise grâce à l’action vigoureuse de l’Union africaine dans ce domaine. La 2e Réunion ministérielle régionale sur l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony tenue à Addis Abeba en Ethiopie du 06 au 08 juin au siège de l’Union a défini la stratégie à mettre en œuvre pour immuniser les activités de cette rébellion en RD Congo, au Sud Soudan et en République Centrafricaine.
Au cours de cette réunion, les Ministres de défense nationale de ces trois pays ainsi que les partenaires bilatéraux ont examiné les modalités de la mise en place d’une Force Régionale d’Intervention (FRI), notamment le processus politique et de mandatement de la mission, ses objectifs stratégiques et la mise en place d’un Mécanisme Conjoint de Coordination (MCC). Ils ont débattu aussi de la répartition des postes clés au sein de l’Etat-major de la FRI, le soutien de la mission et le calendrier de mise en œuvre.
La réunion a affirmé que la FRI constitue l’élément sécuritaire d’une stratégie d’ensemble formulée par les Etats affectés par les atrocités de la LRA, en collaboration avec l’Union Africaine (UA), l’Organisation des Nations Unies (ONU) et d’autres partenaires. Elle devra être une « Mission autorisée par l’UA » avec le soutien de la communauté internationale.
S’agissant du soutien de la Mission, la réunion a décidé que l’Union africaine s’emploiera à mobiliser des ressources financières, logistiques et toute forme de soutien nécessaire au profit des autres composantes de la FRI, y compris les Etat-major tactiques de secteurs. Tous les autres besoins de la mission seront à la charge des pays contributeurs. Le soutien des partenaires devrait être coordonné par la Commission de l’UA.
La réunion a vu la participation du Ministre de défense de l’Ouganda, du Ministre de la défense nationale de la RD Congo, du Ministre de l’intérieur du Gouvernement du Sud Soudan et, du Ministre délégué à la défense nationale de la République Centrafricaine Jean-Francis Bozizé ainsi que de nombreux autres partenaires multilatéraux et bilatéraux tels les Nations-Unies, l’Union-Européenne, les Etats-Unis d’Amérique.
Enfin un autre élément qui montre l’attention portée à l’Union africaine à la RCA. Quarante députés centrafricains ont pris part le 21 juin 2011 à un atelier de formation organisé par l’Union Africaine (UA) à Bangui. Selon le bureau de l’UA en Centrafrique, cette formation s’inscrit dans le cadre de la promotion d’une Démocratie durable dans le pays.
Les enseignements de cette formation ont porté sur la charte Africaine de la Démocratie, des élections et la Gouvernance. Il s’agissait notamment de les informer sur les dispositions de cette charte que la RCA a ratifiée.