La cour prononcera son verdict lundi 11 juillet 2011. Mais d’ores et déjà Reporters sans Frontières condamne fermement le réquisitoire du procureur qui a demandé mercredi 6 juillet, trois ans de prison ferme pour « incitation à la violence et à la haine » contre 2 journalistes, Faustin Bambou et Emmanuel Cyrus Sandy. Le procureur a en outre requis une amende d’un million de francs (1500 euros). Il a également demandé l’interdiction de l’exercice des droits civiques et politiques des journalistes pendant cinq ans.
Cette organisation de défense de la liberté de la presse condamne « l’arrestation arbitraire et la manière dont le procès s’est déroulé entachent sérieusement la crédibilité de la justice centrafricaine ». Reporters sans Frontières estime que les 2 journalistes sont considérés comme des criminels de droit commun, et ils encourent désormais « des peines aberrantes », lit-on dans le communiqué. Reporter sans Frontières de sommer la cour de Bangui « de réprouver le réquisitoire du procureur. Il est désormais temps que les deux journalistes recouvrent la liberté. »
RSF mentionne à cet égard la plaidoirie de Maître Nicolas Tiangaye, un des avocats constitué pour les deux journalistes. Ce dernier a déclaré :« Si les journalistes venaient à être condamnés, cela constituerait une régression des libertés dans le pays. Nous nous sommes battus pour obtenir une loi réglementant la presse afin que cessent les peines privatives de liberté pour les journalistes dans les cas de diffamation. Aujourd’hui, nous sommes choqués. Nous avons fait un pas en avant pour maintenant reculer de deux« .
Il faut rappeler que Faustin Bambou est en détention préventive depuis le 27 mai dernier. Son confrère, Emmanuel Cyrus Sandy, a, quant à lui, été arrêté le 15 juin. A l’issue de l’audience du 29 juin, le parquet de Bangui avait maintenu les poursuites contre les journalistes pour « incitation à la violence et à la haine », un chef d’accusation puni selon une procédure de flagrant délit.
Les avocats des prévenus avaient demandé l’annulation de cette procédure. Leur requête a été rejetée par le tribunal de Bangui le 1 er juillet dernier. Ils ont dès lors dénoncé « un amalgame » juridique manifestement contraire aux lois sur la liberté de la presse. En effet, selon Maître Nicolas Tiangaye, les faits décrits par le plaignant, Jean-Francis Bozizé, le ministre délégué à la Défense nationale, relèvent de la diffamation, un délit dépénalisé depuis 2005. Or, le procureur a choisi de qualifier les faits en termes politiques.
Il faut rappeler également qu’en soutien à leurs confrères journalistes, les journaux Le Confident, Le Citoyen, Le Démocrate et l’Hirondelle avaient décidé d’observer, lundi 4 juillet, une « Journée sans presse ».