« Il y a eu des progrès au plan politique et même économique qui malheureusement ne profitent pas au peuple centraficain. Nous enregistrons aussi des progrès dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement, mais beaucoup reste encore à faire. En 51 ans on a fait du gâchis, les gens ont mal géré le pays depuis David Dacko jusqu’à nos jours, c’est toujours la gabégie, le pays n’avance pas comme il faut. C’est la panne sèche dans de nombreux domaines. Les défis à relever sont immenses ».
Ces propos sont tenus ce samedi 13 2011, sur les ondes de Radio Ndeke Luka par les populations de Bangui. Ils réagissent ainsi à la célébration du 51ème anniversaire de l’indépendance de la République Centrafricaine.
Au plan national, aucune manifestation de taille n’est organisée. Les médias gouvernementaux se sont contentés de relayer le discours du Chef de l’Etat François Bozizé. Toutefois, des offices religieux sont organisés dans les différentes communautés religieuses, dont un principal à la Cathédrale Immaculée Conception de Bangui, réhaussé de la présence du président Bozizé.
Ce dernier est conscient des problèmes de l’heure et des actions à entreprendre. Dans son message à la nation il a déclaré : « l’heure n’est plus à la parole, à l’égoïsme, à la jalousie, mais plutôt au travail pour un développemnt durable dans la paix. Car, de grands chantiers attendent la RCA dans sa marche vers le développement durable. Notre pays, quoiqu’enclavé, dispose d’importantes ressources naturelles diverses et variées, abondamment arrosées, jouissant d’un sol et d’un sous sol généreux, d’un écosystème enviable à plusieurs égards. Il n’arrive cependant pas à se hisser au diapason des autres notamment de la sous-région. Les raisons évoquées pour expliquer cette situation ne sont pas propres au pays. Plusieurs pays de la planète se développement dans un contexte souvent difficile voire contradictoire. D’où vient alors cette regrettable particularité centrafricaine qui n’arrive pas à rattraper les autres ? J’en appelle au bon sens des centrafricains de tous les bords : se serrer les coudes en dépit de nos divergences pour sauver l’essentiel de la RCA et le peuple centrafricain, aufin d’évoluer vers une conscience nationale identitaire centrafricaine ».
Tout en remerciant la communauté internationale pour les efforts consentis pour son pays, le président Bozizé « promet aussi au peuple à l’accès d’ici 4 ou 5 ans à l’exploitation de l’or noir de Birao (nord-est) ».
Cette fête nationale se déroule toutefois sur fond de revendications à Bangasou (extrême-est). La population réclame la sécurité, l’eau potable pour une meilleure condition de vie. Pour le préfet de la localité, ses administrés devraient « saisir cette occasion pour refléchir davantage pour leur développement, et non se prêter à la haine, aux fiches monsongères, à l’absentéisme ».
Pour les habitants de Bouar (ouest), « après 51 ans, rien n’avance: manque d’infrastructures sociales de base ».
Il faut dire qu’après 51 ans de souveraineté internationale, la République Centrafricaine présente à ce jour, un bilan assez mitigé dans plusieurs domaines de développement.
De tous les régimes qui se sont succédés à la tête de l’Etat centrafricain, aucun n’a réussi véritablement à poser les jalons d’un réel processus de développement durable du pays.
Depuis David Dacko en passant par Jean Bedel Bokassa, Dacko 2, André Kolingba, Ange Félix Patassé tous déjà décédés et maintenant François Bozizé, le pays connait une croissance économique en dents de scie.
Le nord-ouest et le centre du pays qui représentent un bassin agricole important pour les cultures de coton et de canne à sucre, sont perturbés par les conflits armés.
Il faut ajouter aussi, la faiblesse des infrastructures et du soutien à la production, qui restent majoritairement extensives et limitent très fortement les rendements, très inférieurs à ceux des pays voisins.
L’enclavement du pays demeure un handicap important. L’exploitation forestière contribue largement au Produit Intérieur Brut, avec d’importantes ressources en bois tropicaux, mais ne profite pas encore réellement aux centrafricains.
L’activité minière (or et diamants) constitue l’autre ressource importante de la République centrafricaine en termes de recettes d’exportation. Environ 500 000 carats sont produits par an.
Les services publics notamment eau et électricité, monopoles d’État, sont dans des situations financières difficiles, et les équipements, faute de maintenance et d’investissement, sont pour la plupart vétustes, entraînant des ruptures de service très fréquentes à l’exemple de la société d’énergie Centrafricaine ENERCA.