Face à la pénurie du carburant qui s’accentue en République centrafricaine, la vente illicite des hydrocarbures monte en puissance. Les vendeurs et ceux qui habitent les alentours des lieux de stockage sont exposés aux risques d’incendie. Ces derniers temps, plusieurs cas d’incendies, parfois graves, ont été signalés à Bangui voire dans sa périphérie. Un grand danger, selon des spécialistes de la sécurité incendie.
Au PK5, des points de vente de carburant envahissent le secteur. Tout le monde s’adonne à cette activité, bien que conscient du danger auquel l’on s’expose. Conscients des risques encourus, ces revendeurs trouvent une bonne raison dans leur activité. Pour eux, c’est un coup de pouce au profit de la population en cette période de forte crise des hydrocarbures. Des conducteurs, clients, viennent s’en approvisionner.
« Nous faisons ceci pour aider l’Etat »
« Ce que nous faisons, présente beaucoup de risques parce que nous ne sommes pas protégés. Mais, c’est pour nous une manière d’aider le pays. Les stations-services sont fermées. Si ce n’était pas grâce à nous, il y aurait eu déjà des manifestations. Nous faisons ceci pour aider l’Etat, le temps qu’il parvienne à fournir du carburant aux stations-services. Nous évitons de mettre ces carburants dans les rayons de feu. C’est à l’Etat de chercher à nous donner des équipements pour contenir d’éventuels incendies » souligne Abakar Mahamat, un revendeur de carburant.
Comme au Pk 5, le quartier Gobongo dans le 4ème arrondissement de Bangui est l’un des points de vente de ces produits pétroliers. Là aussi, l’on se dit conscient des risques mais s’adonne à ce commerce juteux.
« Nous rencontrons des difficultés en route. Nous payons les différentes taxes. Par exemple, pour un fût, nous payons 10 mille francs à la douane. Là-bas, le fût s’achète à 220.000 frs. En le revendant, nous réalisons juste de petits bénéfices pour subvenir à nos besoins. Certes, il y a un danger à cette activité. Mais, nous plaçons ces hydrocarbures hors de la portée et de la vue des enfants » fait savoir Arnold, un revendeur de carburant.
Depuis le début de l’année, les points de vente de carburant se multiplient dans certains quartiers du 4ème arrondissement. D’où, l’inquiétude de certains notables.
« Il faut barrer la route à cette pratique illicite »
« Vu que nous étions dans un état d’urgence, ça nous rendait service. Mais lorsque cela devient un obstacle, le gouvernement doit barrer la route à cette pratique illicite. Aujourd’hui, avec des cas d’incendie par ci par là, il faut agir. Un autre problème pour nous, la plupart de ces vendeurs sont des personnes qui prennent en location des maisons » lance Etienne Oumba, chef du quartier Gobongo 2.
Face à cette situation inquiétante, les experts tirent la sonnette d’alarme tout en appelant à une prise de responsabilité collective.
« On ne peut pas stocker du carburant chez soi. Parce que lorsqu’il y a un incendie, il y a ce qu’on appelle le pouvoir calorifique. C’est la quantité de chaleur dégagée lors de la combustion de cette même masse qui brûle. Le carburant lorsqu’il brûle, il fait des dégâts. L’incendie, lui, ne reste jamais sur place. Et donc en se propageant, il y a des dégâts collatéraux » prévient Boris Gondamoyen, expert en sécurité et prévention d’incendie.
Avec la crise du carburant que connaît depuis plusieurs mois la République centrafricaine, hommes, femmes et enfants s’activent dans la vente informelle des hydrocarbures. Ces derniers stockent ces produits inflammables à domicile, en plein quartier, sans aucune mesure contre les incendies.
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