Une augmentation de 10% des prix de carburant à la pompe est en perspective en Centrafrique. C’est une proposition de l’un des principaux bailleurs de la Centrafrique, le Fonds Monétaire International (FMI). Une proposition visant, selon le FMI à ajuster les recettes budgétaires de l’Etat centrafricain.
C’est ce 10 Novembre 2011 au cours d’une réunion élargie de la mission du FMI qui est à Bangui depuis plus d’une semaine ; une réunion tenue au siège de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale, dans la capitale centrafricaine.
Cette décision a été prise à l’issue de l’évaluation faite sur l’exercice budgétaire 2011 de l’Etat centrafricain. Tout est compilé dans un document et présenté par les experts, pendant cette réunion. Il est ressorti dans les exposés que « les recettes de l’Etat centrafricain sont très faibles par rapport aux potentiels économiques du pays ».
Norbert Towé, Chef de mission du FMI en Centrafrique a indiqué sur le sujet que « l’effort fiscal en Centrafrique est à 1,5 ; ceci en deça du potentiel, autrement dit, le dernier de tous les pays subsahariens ».
Cette proposition de la hausse du prix des produits pétroliers de 10%, selon le technicien du FMI prendra le rythme de la cours du prix des produits pétroliers sur le marché mondial. « Tous les jours, le prix du pétrole varie sur le marché international, et l’Etat centrafricain a décide de refléter », a indiqué Norbert Towé.
Cette manière de remédier au déficit budgétaire n’est pas totalement du goût des opérateurs économiques centrafricains présents pendant la réunion. « Avant de penser à augmenter le prix des produits pétroliers, il faut qu’on puisse s’assoir autour d’une table pour voir les structures du prix, parce que selon les experts, cette hausse de 10% peut apporter jusqu’à 30 milliards de francs CFA à l’Etat centrafricain », s’est inquiété Gilbert Grézénguet, Président du patronat centrafricain.
Le ministre d’Etat centrafricain aux finances Sylvain Ndoutingaï pense pour sa part qu’il est nécessaire pour le gouvernement de trouver un moyen consensuel avec les acteurs économiques et les partenaires sociaux dans l’objectif, est de rehausser l’assiette fiscale par la commercialisation des produits pétroliers, parce que « les carburants qui viennent de l’étranger connaissent une variation en hausse depuis plusieurs années, mais les prix à la pompe n’ont pas changé en Centrafrique, ce qui constituent une perte énorme évaluée à plusieurs milliards de Francs CFA à l’Etat », a-t-il-dit.
Alors que dans le quartier, à l’annonce de cette nouvelle dans le journal de la matinée de Radio Ndeke Luka du 11 novembre, on se pose déjà des questions sur l’avenir du citoyen centrafricain. « Qu’est ce qu’on doit devenir alors que le salaire des fonctionnaires n’augmente pas mais tous les prix montent en flèche », s’est demandée une mère de famille, dans le 2e arrondissement de Bangui.
Mais en avril 2010, lors de l’augmentation du prix des produits pétroliers, Eddy Hervé Nguérégaye, Directeur général de l’Agence de Stabilisation et des Régulations des Prix des Produits Pétroliers (ASRP), avait souhaité que les prix à la pompe soient supportés par les consommateurs, alors que c’était le gouvernement qui subventionnait toujours ces prix en faveur des consommateurs, même si le prix du baril de ces produits augmentent ou non sur le marché international..
Dans la foulée, les conducteurs des taxis et taxi-bus de Centrafrique étaient entrés en grève et ont observé un arrêt de travail, pour protester contre cette nouvelle augmentation du prix des produits pétroliers, la deuxième en une année sur l’ensemble du territoire centrafricain. Une hausse toujours demandé par le FMI.
Selon la dernière augmentation d’avril 2010, l’essence était passé de 780 F CFA (1,18 euros) à 810 F CFA (1,13 euros), le gasoil est remonté de 750 F CFA (1,14 euros) à 800 F CFA (1,21 euros) et le pétrole croît de 580 F CFA (0,88euros) à 600 F CFA (0,91 euros).