Il y a 10 ans, jour pour jour, les miliciens Antibalaka ont lancé des attaques coordonnées en plein de cœur de Bangui contre la Séléka au pouvoir. Ces hostilités, qui ont fait des centaines de morts, des disparus et contraint des familles ou communautés à fuir leurs domiciles, ont plongé la République centrafricaine dans une guerre civile avec des conséquences humanitaires désastreuses.
Alors que les yeux étaient tournés vers le Conseil de sécurité de l’Onu où une résolution sur la République centrafricaine devait être adoptée, Bangui se réveille par des attaques d’une rare intensité, faisant plus d’un millier de morts en 24 heures.
Commerçants, transporteurs, travailleurs et autres, sortis tôt ce jour-là, sont les premières victimes de ce déferlement de violence. Devant le siège de l’Assemblée nationale, dans les quartiers Gobongo, Km5, Combattant, presque partout dans la ville de Bangui, c’est une scène de chaos et de désolation qui s’installe avec des corps sans vie, jonchant les rues.
Des services sanitaires débordés
Les autorités de la transition, notamment le Premier ministre et quelques rares membres de son gouvernement, en désaccord avec la Séléka, sont contraints de se réfugier à la base militaire Mpoko. Les hôpitaux sont débordés. Les organisations humanitaires comme la Croix-Rouge, MSF et autres, sont également débordées par les événements. Les camps de fortune s’improvisent dans les églises, mosquées et autres lieux stratégiques pour permettre aux civils de se mettre à l’abri des belligérants, notamment les éléments de la Séléka et les Antibalaka.
Le pays s’enfonce dans la guerre civile
Les miliciens Antibalaka, armés de gourdin, machettes et fusils de chasse, avec plusieurs foyers de naissance à l’intérieur du pays, font face aux hommes de la Séléka appuyés par leurs supplétifs de l’armée régulière tchadienne, déployés au sein de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca). Très vite, le pays s’enfonce dans la guerre civile qui, d’ailleurs, prend une tournure communautaire. Cette avalanche de violence a contraint le président français de l’époque, François Hollande à se rendre à Bangui alors qu’il prenait part aux obsèques de Nelson Mandela en Afrique du Sud.
Les leaders contraints à la démission
Cette attaque des miliciens Antibalaka illustre l’atrocité des violences armées dans le pays depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par la coalition des rebelles de la Séléka. Elle aura permis à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) de mesurer la gravité de la situation. Chose qui conduira, un mois plus tard, à la démission des principaux leaders de la transition y compris les conseillers nationaux, à Ndjamena au Tchad, sous pression de la CEEAC.
-Lire aussi : Centrafrique/CPI : ouverture de l’audience de confirmation des charges contre l’ancien chef Antibalaka, Maxime Mokom