Que se passe-t-il entre la société Centrabois et la population du village Bobelè, situé à plus de 70 kilomètres à la sortie Sud de Bangui ? Un pont, qui dessert ce village et bien d’autres, a été détruit sur ordre des responsables de ladite société forestière. L’acte a provoqué un mouvement de mécontentement, la semaine dernière, dans la localité.
C’est un pont en madriers de 3 mètres qui relie le village Bobelè à celui du camp de roux habité par plus de quatre mille personnes. Sa destruction a poussé la population de la localité à saisir les engins de Centrabois qui ont fait l’opération. Ces engins ont été libérés grâce à l’intervention des éléments armés des Eaux et Forêts. Dans les échauffourées, une personne a été blessée par balle, des enfants se sont égarés et une vingtaine de personnes ont été arrêtées et maintenues à la gendarmerie du PK 9.
Selon les habitants de Bobelè, la destruction de ce pont a paralysé les activités dans leur village.
Perte en vie humaine
« Un véhicule de distribution des moustiquaires avait de la peine à passer. A cause de cette destruction, une femme qui voulait accoucher la nuit, n’a pu être évacuée à l’hôpital et son bébé est finalement mort », a déploré Prince, un habitant de Bobelè.
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Les autorités du village se disent choquées par cette situation et appellent Bangui à prendre ses responsabilités.
Entrave à la libre circulation
« Nous sommes choqués par la destruction de ce pont. De l’autre côté de l’ouvrage, il y a un village appelé camp de roux. Ce village est habité par 4 mille personnes et compte des écoles, des églises, des centres de santé. Quel sera le sort de la population avec cette destruction », s’est interrogé Dominique Apelouamadé, chef du village Bobelè.
Pourquoi ordonner la destruction d’un pont, édifice au service des communautés ? Les responsables de la société Centrabois répondent.
« La législation en vigueur nous l’impose »
« Nous avons saboté un pont sans le détruire totalement. Nous sommes tenus de le faire étant donné que l’administration et la législation en vigueur dans le pays nous l’imposent. Donc, ce n’est pas de notre propre gré. La population de Bobelè en a fait un tollé alors que cela doit bloquer un peu le travail des clandestins », a expliqué Ibrahim Bitar, directeur général de Centrabois.
La coupe du bois est la principale activité génératrice de revenus à Bobelè. Il est prévu dans le cahier des charges des entreprises qui exploitent la forêt des actions sociales, à l’exemple de la construction ou l’appui aux écoles, la réhabilitation des routes et des ponts. Tout ceci, en partenariat avec les municipalités des localités concernées.
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