A l’occasion de la célébration, ce 12 février, de la Journée internationale des enfants soldats, Radio Ndeke Luka met un coup de projecteur sur Justin et Félicité, ex-enfants soldats de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) qui sévissait dans une partie du Haut-Mbomou en territoire centrafricain. Plusieurs années après leur captivité et leur libération, ces anciens combattants ont toujours besoin d’aide.
Justin avait 17 ans lorsqu’il a été enrôlé de force à Obo par l’Armée de résistance du seigneur, le 6 mars 2008. Près de 16 ans aujourd’hui, il se rappelle de son enrôlement dans ce groupe rebelle ougandais, communément appelé Tongo-Tongo.
« Nous avons cultivé pour eux »
« En 2008, les Tongo Tongo nous ont pris en otage. Ils ont enrôlé d’autres personnes dans les localités qu’on a traversées pour atteindre leur base à Nabanga, à la frontière du Soudan du Sud. On a appris leur langue « Atuli ». Nous avons cultivé pour eux et ils nous ont formés avant de nous donner des armes. Leur objectif, c’était de renverser les autorités ougandaises », a témoigné Justin.
Alors qu’il servait encore la LRA en tant que combattant, Justin s’est échappé pendant un combat avec des forces congolaises en République démocratique du Congo, même s’il ne se rappelle plus de la date de l’évènement. Faisant preuve de résilience, il s’occupe néanmoins de sa famille.
« C’est grâce à l’agriculture que je m’occupe de ma famille »
« J’avais profité du combat pour m’enfuir. Après des discussions, mes parents se sont déplacés à Yambio, au Soudan du Sud pour me ramener à Obo en République centrafricaine. Aujourd’hui, dépourvu de tous moyens, c’est grâce à l’agriculture que je m’occupe de ma famille », a expliqué Justin.
Quant à Félicité, elle n’avait que 16 ans lorsqu’elle a été recrutée de force par la LRA. Libérée après 2 ans de captivité, elle a toujours les regards vers le gouvernement centrafricain pour obtenir de l’aide.
« Je demande au gouvernement de nous aider »
« Lorsqu’on transportait leurs bagages et qu’on marchait lentement, ils nous frappaient. J’ai même été blessée par balles. C’est ainsi qu’on m’a évacué par avion vers Yambio. C’est une ONG qui m’a transférée à Bangui pour des soins. A Obo, je cultive la terre et je mène une activité commerciale pour subvenir à mes besoins. Je demande au gouvernement centrafricain de nous aider car la LRA nous avait donné des produits toxiques qui continuent d’avoir des effets sur nous », a imploré Félicité.
Pour faciliter la réintégration de ces ex-enfants soldats au sein de la communauté, l’accent est mis sur les sensibilisations.
« Ils ont vécu beaucoup de choses »
« On a organisé beaucoup de séances de sensibilisation avec la communauté afin de préparer le retour de ces ex-soldats. Aujourd’hui, la communauté continue toujours de les accueillir et de les protéger ; puisqu’ils ont vécu beaucoup de choses entre les mains de la LRA », a fait savoir Francine Nangbouka, coordonnatrice d’une association locale.
Selon certaines organisations locales chargées d’accompagner les victimes de la LRA, on dénombre plus d’une centaine d’ex enfants soldats à Obo. En rappel, cette rébellion a commis des violences dans le Haut-Mbomou entre 2008 et 2020. De nombreuses victimes souhaitent que le principal leader, Joseph Kony soit arrêté, jugé et condamné.
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