Les agriculteurs de Bocaranga, dans l’Ouham-Pende, voient leurs activités menacées par la transhumance. Ils dénoncent la destruction de leurs champs par des éleveurs en quête de pâturage. Conséquences, le risque de l’insécurité alimentaire est réel à cause de la baisse de production agricole dans la localité.
La récurrence de conflits entre éleveurs et agriculteurs ne favorise pas la campagne agricole dans la région de Bocaranga. Par peur de représailles des éleveurs, les paysans hésitent à cultiver de grandes parcelles. Cette situation n’encourage pas la lutte contre la flambée des prix des denrées alimentaires, selon de nombreux habitants.
A Bocaranga et dans sa périphérie, bon nombre de cultivateurs déplorent l’envahissement de leurs champs par des troupeaux de bœufs. Ils estiment que les éleveurs font paître volontairement leurs bétails dans les champs.
« Les éleveurs mettent leurs bœufs dans nos champs »
«Nous n’avons pas les moyens de cultiver sur une vaste étendue de terre. Pour le faire, nous sommes obligés de payer des gens afin qu’ils nous aident dans le défrichage. Avec tout ça, les éleveurs mettent leurs bœufs dans nos champs et ces animaux détruisent toutes nos cultures. Lorsqu’on veut réclamer, ils brandissent des armes blanches ou des fusils contre nous », s’est plainte Colette Nathouni, cultivatrice.
Les plantations les plus visées sont celles de manioc. Les éleveurs, à la recherche de pâturage, font paître leurs bœufs dans ces champs. Cette pratique est à l’origine des violences répétitives entre les deux communautés.
« Nous avons peur »
«Nous cultivons sur des grandes parcelles mais les transhumants choisissent nos champs pour y faire paître leurs troupeaux. Ils dévastent nos plantations et pourtant c’est grâce à cela que nous nous occupons de nos familles. Nous avons peur et si on veut dénoncer cela, on nous taxe de voleurs de bœufs », a déploré Narcisse Loh, un autre cultivateur de Bocaranga.
Pour faire face à ce conflit, l’Agence centrafricaine de développement agricole (ACDA) a mis en place un mécanisme pour garantir la paix entre les deux parties. Cependant, l’initiative se heurte à certaines difficultés.
« Ces éleveurs, qui viennent du Tchad ou du Cameroun, devaient se présenter aux postes vétérinaires qui se trouvent au niveau de Ngaoundaye et de Mah. Malheureusement et puisqu’ils ont des armes, ils ne respectent pas les autorités administratives. J’espère que ce problème sera résolu », a estimé Yabada Sangba, chef de secteur de l’ACDA de Bocaranga.
La transhumance est régulièrement à l’origine des tensions entre agriculteurs et éleveurs dans la partie Nord-ouest de la République centrafricaine. Face à l’ampleur du phénomène, la population demande plus d’implication des autorités de Bangui pour prévenir les conflits et privilégier la cohabitation pacifique entre les deux parties.
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