Depuis quelques temps, la République centrafricaine connait une chute de la valeur du diamant. Entre la baisse de production et la mévente sur le plan national, les artisans miniers sont découragés car cette situation a entrainé la fermeture de bureaux d’achats dans certaines régions du pays, notamment dans la Mambéré-Kadéï.
La République centrafricaine n’est pas épargnée par la chute de la valeur du diamant sur le plan international. Si le pays est catégoriquement soumis au protocole du processus de Kimberly pour une transparence dans les industries extractives, les acteurs miniers sont loin de connaitre un jour heureux avec la baisse de production de diamants et sa mévente au niveau national.
« Les difficultés s’accentuent »
Pour Ibrahim Doungous, collecteur de diamant à Berberati dans la Mambéré-Kadéï, les difficultés enregistrées ces temps-ci sont énormes. Pour éviter la mévente, les collecteurs se voient obligés de vendre à crédit leurs produits. C’est-à-dire, la marchandise est livrée avant et le paiement après, en plusieurs tranches. Mais cela ne semble pas convaincre les bureaux d’achat qui font désormais un tri.
« Les difficultés que nous enregistrons dans l’exploitation du diamant sont énormes et s’accentuent. Les bureaux d’achats ne subventionnent plus les collecteurs. Ce qui fait qu’on n’atteint pas les résultats escomptés. Deuxièmement, nous, les collecteurs, faisons de notre mieux pour financer le travail des artisans miniers dans les chantiers. Malheureusement, lorsqu’on amène les diamants, on nous dit qu’il n’y a pas de marché. Ça nous découragent et conséquence, les activités sont réduites », précise-t-il.
Un coup dur pour les économies locale et nationale
Malgré des années passées dans ce secteur d’activité, Dimy Gabriel Déya n’arrive pas à faire face à la crise. Il explique ce que cela représente pour sa famille : « Autrefois, il y avait beaucoup de bureaux d’achats ici à Berberati, c’est le cas notamment de PEPEDIOR, DDC. Plusieurs bureaux qui avaient beaucoup d’argent et qui donnaient aux collecteurs, qui, à leur tour, donnaient aux artisans. Ainsi, main dans la main, on pouvait financer les Nagbata (artisans) et les produits sortaient. Mais maintenant, les bureaux ne financent plus les collecteurs et les collecteurs non plus ne financent les artisans. Donc, c’est la baisse et on n’a pas la capacité de produire à souhait parce qu’il n’y a pas d’argent », dit-il plaintif.
La perte n’est pas que pour les collecteurs et artisans miniers. Mais pour l’Etat aussi, selon Jérémie Lipikas, assistant du directeur régional des mines, basé à Berberati, invité de Radio Ndeke Luka de ce lundi 17 juin : « Ce sont les européens qui achètent beaucoup plus le diamant sur le marché international. Mais avec la guerre en Europe, les exploitants de diamant, les ouvriers, les artisans se plaignent. Parce que les collecteurs ne veulent pas acheter le diamant selon les barèmes. Dans l’ensemble dans la région de la Mambéré Kadéï, le diamant est en baisse. S’il y a une baisse, c’est donc un manque à gagner pour l’Etat. Parce que lorsqu’on vend du diamant, on paye de taxe à l’Etat ».
L’Etat optimiste face au diamant synthétique
Face à la prolifération du diamant synthétique sur le marché international, le gouvernement centrafricain se dit optimiste en ce qui concerne la commercialisation du diamant local sur le marché mondial. Selon le ministre des Mines et de Géologie, Ruffin Bénam Beltoungou, cette catégorie de diamant artificiel ne va pas impacter la production et la vente du diamant naturel dans le pays. « Ce n’est pas parce que certains pays produisent du diamant synthétique que le cours a drastiquement baissé sur le marché international. C’est aussi lié à l’environnement politique international, le conflit Russie-Ukraine joue aussi sur le diamant. Dans le jargon du processus de Kimberley, on dit que le diamant est éternel. Ça reste un minerai naturel. Plus les autres produisent des diamants synthétiques, plus les pays produisent le diamant naturel. C’est au consommateur final de choisir entre ce qui est naturel », estime le membre du gouvernement.
Si le diamant enregistre une chute en terme de devise pour l’Etat, l’or qui a une valeur refuge se porte plutôt bien et sa production a doublé entre 2021-2022.
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