C’est l’agence IRINEWS (un service du bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies), qui en fait la principale information de ce jour sur son site : « l’absence d’autorité de l’État en dehors de la capitale a entraîné un grave vide sécuritaire dans de nombreuses parties du pays, notamment dans le nord. Les forces nationales de sécurité et de défense, qui devraient agir comme les principaux garants de la sécurité dans les régions reculées, manquent de ressources et sont en grande partie incapables d’assumer leurs responsabilités ».
L’agence cite un récent bulletin publié par l’Équipe de partenariat pour le développement humanitaire (HDPT) de la RCA. Pour illustrer la situation décrite, le bulletin cite les des affrontements ont eu lieu le 26 décembre 2011 entre des membres du Front populaire pour le redressement (FPR), et des rebelles du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) à Vafio, un village situé sur la route entre Kabo et Batafongo, dans le nord du pays. Deux combattants du FPR auraient par ailleurs été tués.
La perspective de représailles de la part des deux camps a poussé les Nations Unies à suspendre les déplacements le long de cette route.
Selon des informations non confirmées recueillies par la presse, quatre civils auraient trouvé la mort et plusieurs maisons auraient été incendiées quelques jours plus tard lors d’une attaque menée contre la ville de Kabo par 300 combattants du FPR.
« La panique s’est installée dans la ville après que ces criminels ont brûlé vive l’une de leurs victimes », aurait dit, selon l’un des articles, Philippe Gonzay, le maire adjoint de Kabo.
« La population ne peut plus vaquer à ses occupations quotidiennes. Nous déplorons que les forces de sécurité présentes dans la région n’aient pas réagi aux attaques menées par les rebelles contre la population civile », a-t-il dit.
Parmi les menaces sécuritaires les plus pressantes en République centrafricaine, on peut citer les activités du groupe armé tchadien dirigé par Baba Laddé et qui sévit dans le nord du pays. Selon certaines informations, celui-ci continuerait de recruter et d’acquérir des armes alors qu’il s’est engagé à retourner au Tchad.
Ces rebelles du FPR, qui sont arrivés du Tchad en 2008, ont également été impliqués dans des incidents sécuritaires dans la province de la Ouaka, dans le centre du pays. Selon un rapport rédigé en novembre 2011 par des responsables locaux, le groupe aurait « occupé plusieurs villes et villages et extorqué aux habitants plus de 900 têtes de bétail, plusieurs motocyclettes et une somme d’argent considérable».
Des sources locales ont par ailleurs indiqué que le FPR avait également recruté des membres de la communauté peule (ou Fulani), un groupe ethnique présent dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’en RCA, au Tchad et au Niger. Le FPR prétend en effet protéger l’ensemble de la communauté peule.
Dans une résolution adoptée le 21 décembre 2011, le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est dit «vivement préoccupé par les recrutements massifs et les achats d’armes par le FPR, qui menacent la paix et la sécurité en République centrafricaine et dans la région et violent les engagements pris par le FPR, dans le communiqué final signé le 13 juin 2011 par son chef, Baba Laddé, et les médiateurs nationaux du Tchad et de la République centrafricaine, de déposer les armes et d’entamer des pourparlers de paix ».
La résolution condamne par ailleurs « les violations des droits de l’homme commises par le FPR et engage le gouvernement centrafricain à rester en contact avec le gouvernement tchadien pour parvenir à une solution ».
Le communiqué du 13 juin prévoyait la conclusion, dans le mois suivant, d’un accord de paix garantissant le rapatriement de 400 à 500 combattants du FPR au Tchad. Rien de tout celà 6 mois après.
Un rapport du Secrétaire général présenté le 28 novembre au Conseil de sécurité indique toutefois que les pourparlers qui devaient mener à la conclusion de l’accord sont au point mort, et qu’ils achoppent « surtout sur la question des garanties de sécurité pour le retour au Tchad de Baba Laddé ».
Selon le même rapport, une faction d’un autre groupe armé, l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), a fait du rapatriement des combattants du FPR au Tchad une condition préalable à sa participation au programme national du DDR (désarmement démobilisation, réinsertion).
Deux jours après la publication du rapport, le président François Bozizé a dit, en parlant [de Baba Laddé et] du FPR : « Nous allons relancer les négociations entamées pour que lui et ses hommes retournent au Tchad. Mais si le dialogue n’aboutit pas, nous allons prendre nos responsabilités ».
Or, comme le souligne le rapport présenté au Conseil de sécurité, « l’absence d’autorité de l’État en dehors de la capitale a entraîné un grave vide sécuritaire dans de nombreuses parties du pays. Les forces nationales de sécurité et de défense, qui devraient agir comme les principaux garants de la sécurité dans les régions reculées, manquent de ressources et sont en grande partie incapables d’assumer leurs responsabilités ».
Si le rapport du Secrétaire général fait état de « progrès importants » dans le processus de désarmement des anciens combattants en RCA, la chef du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (BINUCA), Margaret Vogt, insiste cependant sur les risques associés au sous-financement de ce processus.
« L’échec de la consolidation de la sécurité en RCA pourrait se traduire par une augmentation de son attrait en tant que refuge pour les bandits du coin et les groupes rebelles qui opèrent dans la région », a-t-elle dit le 14 décembre dernier.
Pour sa part, Baba Laddé nie les accusations d’exactions contre les civils. Il a récemment déclaré que son groupe cherchait à protéger la population contre les bandes criminelles – ou zaraguinas – qui ont longtemps pris les civils pour cible dans plusieurs régions du pays.