Du nouveau dans l’affaire Demafouth. L’ancien ministre de la Défense, arrêté depuis le 6 janvier 2012, a reçu lundi 16 janvier dans l’après-midi la visite d’une délégation composée de plusieurs membres de représentations diplomatiques à Bangui. On ignore pour le moment la composition exacte de cette délégation. On sait toutefois que la représentante du Secrétaire Général de l’ONU et responsable du Binuca (Bureau Intégré des Nations Unies en Centrafrique) a participé à la visite. L’information a été confirmée à Radio Ndeke Luka par Me Nicolas Tiangaye, l’un des avocats de Monsieur Demafouth, joint au téléphone.
D’autres sources ont révélé à la radio qu’un émissaire du président gabonais Ali Bongo, dont l’identité et les fonctions n’ont pas encore été révélées, a participé à la visite. Il faut rappeler à cet égard, que c’est le Gabon qui est garant des accords de paix signés entre le gouvernement centrafricain et les factions rebelles à Libreville en 2008.
En l’absence de toute réaction officielle sur cette visite faite à l’ancien ministre de la Défense, plusieurs questions se posent : s’agit de gages donnés par les autorités centrafricaines sur les conditions de détention et le respect des procédures judiciaires ? Les membres de la délégation ont-ils voulu en avoir le cœur net sur les accusations d’ «atteinte à la sureté de l’Etat » avancées pour justifier l’arrestation. Ont-ils pu s’entretenir librement avec M. Demafouth ? Sans doute les prochains jours nous en apprendrons davantage.
Quoiqu’il en soit, cette visite d’une délégation de diplomates et de partenaires de la Centrafrique est le signe d’une implication de la communauté internationale et donne une nouvelle dimension à cette affaire.
Il y a lieu de signaler à cet égard la réaction de l’Ordre des Avocats de Paris dont M. Demafouth est membre du barreau. Une lettre signée du bâtonnier et du vice-bâtonnier a été adressée au président centrafricain François Bozizé. Ils lui demandent de s’assurer que « toutes les garanties judiciaires prévues par les législations nationales et les traités internationaux ratifiés par la RCA soient respectés, notamment les articles 9 et 14 du Pacte international sur les droits civils et politiques » afin que leur confrère puisse avoir accès à ses avocats et préparer sa défense.
Apparemment, c’est loin d’être le cas. Les avocats, Mes Tiangaye et Morouba se plaignent de ne plus avoir accès à leur client. Celui-ci a d’ailleurs été transféré de la SRI (Section de recherches et d’investigation) à Bangui au centre de formation militaire de Bérengo à 65 kms de la capitale.
Il faut rappeler que Jean-Jacques Demafouth, ancien ministre de la Défense, patron de l’APRD (Armée populaire pour la restauration de la démocratie) et vice-président du Programme DDR (Désarmement, démobilisation, réinsertion) est accusé par le gouvernement centrafricain de «tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat». Avec lui, ont également été arrêtés, Gontran Djono-Ahaba député de Birao II et Mahamath Abrass, député sortant de cette même ville.
Le GEPPIC exige la libération de la libération de Ferdinand Samba
Le Groupement des Editeurs de la Presse Privée Indépendante de Centrafrique (GEPPIC), demande ce 17 janvier 2012, la libération pure et simple de Ferdinand Samba, directeur de publication du journal « Le Démocrate ». Il a été arrêté lundi 15 janvier 2012 à Bangui à la suite d’une plainte pour diffamation déposée contre lui par le ministre d’Etat aux Finances, Sylvain Ndoutingaï.
Selon Landry Mokokpala Vice-président du GEPPIC interrogé par Radio Ndeke Luka, « nous sommes dans un Etat de droit. Le gouvernement devrait laisser libre cours aux professionnels des médias de faire leur travail. Certes le ministre d’Etat pourrait être lésé quelque part. Toutefois, nous souhaitons une solution négociée qu’une approche judiciaire ».
Ce journaliste, le 1er à être arrêté pour l’année 2012, a été incriminé suite à des articles parus dans le journal, articles dans lesquels le nom du ministre des Finances a été régulièrement cité. Celui-ci a porté plainte devant le Tribunal de grande instance de Bangui.
L’affaire a été repoussée à trois reprises à la demande du journaliste et celle de sa défense, qui voulait prendre connaissance des pièces du dossier. Mais le président du tribunal a délivré un mandat d’amener Samba.
Lundi soir, il était encore dans les locaux de l’OCRB. Il lui est reproché d’avoir publié plusieurs articles depuis octobre, à caractère diffamatoire, injurieux et incitant à la haine, visant précisément le ministre d’Eta aux Finances.