A Bocaranga dans la préfecture de l’Ouham-Pendé au nord de la République centrafricaine, les propriétaires et conducteurs de mototaxi sont en grève depuis une semaine. Ils protestent contre la réquisition de leurs motos par les éléments des Forces armées centrafricaines (Faca) à des fins d’opérations militaires sur le terrain. La plupart de ces engins ont été détruits sur les théâtres d’événements. Cette grève paralyse le bon déroulement des activités économiques dans la ville.
Ce mouvement d’humeur des propriétaires et conducteurs de motos paralyse le transport en commun entre Bocaranga et les villes qui lui sont proches depuis son déclenchement le 2 juillet dernier. L’association des taxi-moto réclame du détachement des Faca de Bocaranga une dizaine de moto perdue pendant les événements de Ngoutèrè, une attaque rebelle qui a couté la vie il y a une semaine, à une quinzaine de personnes, dont 5 militaires.
Exaspération totale
Pour un des responsables des conducteurs des mototaxis, c’est une exaspération totale au regard du comportement des forces de défense et de sécurité déployées dans la région. « Nous avons décidé de cesser nos activités du 2 au 15 juillet pour réclamer du gouvernement une solution. Les militaires ont réquisitionné nos motos pour des opérations militaires. Nos engins ont été soit incendiés, soit vendus. C’est pourquoi nous rentrons en grève pour manifester notre mécontentement », dit-il outré.
Un autre rapporte qu’ils prennent déjà un coup du point de revenus journaliers. « Les militaires déployés par le gouvernement arrachent avec violence nos motos pour leur opération. C’est grâce à ces motos que nous menons nos activités économiques pour nourrir nos familles respectives. Pour le moment, nous avons déjà perdu six motos et nous ne savons plus à quel saint nous vouer », se plaint-il.
D’après quelques témoignages, il n’y a pas que les conducteurs des mototaxis qui en sont victimes même les propriétaires des engins à deux roues, s’en plaignent. « La population est aussi victime. Tu gares ta moto pour assister un malade à l’hôpital. A la sortie, ces militaires t’exigent de leur remettre la clé pour une opération. Tu es obligé d’accepter mais à leur retour, ils te demandent de verser une somme avant de reprendre ta moto. C’est pourquoi nous rentrons en grève pour manifester notre colère », témoigne un habitant de Bocaranga.
Economie locale paralysée ?
Les activités économiques sont fragilisées à cause de ce mouvement de grève. Car, le transport à moto est la principale source de ravitaillement de la ville à cause de la dégradation des routes.
« Les véhicules de transport n’empruntent plus les différents axes à cause de la dégradation des routes. C’est grâce aux conducteurs de moto que nous ravitaillons la ville. Mais, après ces événements, nos militaires ont réquisitionné ces motos. Certains engins sont incendiés lors des combats. C’est pourquoi les chauffeurs de moto sont en grève. Nous n’avons plus de moyens de transport ni pour nous, ni pour nos marchandises. C’est pourquoi, nous alertons nos autorités pour trouver une solution à notre préoccupation », déploreune commerçante.
Mis en cause, le commandant du détachement des Faca n’a pas encore réagi. Mais d’autres sources évoquent l’absence de moyens logistiques au service des militaires déployés dans la région.
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