La division des droits de l’homme de la Minusca, mission des Nations-Unies en République centrafricaine, alerte sur les difficiles conditions des prisonniers à Bangui et à l’intérieur du pays. Dans un rapport, publié le 18 juillet 2024 à l’occasion de la célébration de la Journée internationale Nelson Mandela, cette unité de la mission onusienne a mis l’accent sur la surpopulation dans les maisons carcérales et les problèmes d’accès à la nourriture et aux soins.
Ce rapport a été publié après des visites dans plus de 580 lieux de détention à Bangui et à l’intérieur du pays. À la prison de Ngaragba à Bangui par exemple, la surpopulation a atteint plus de 500% et plus de 100% à l’intérieur du pays. L’accès des détenus ou prisonniers à la nourriture aussi pose problème.
« Pas assez en terme de qualité et de quantité »
« Nous avons remarqué un problème d’accès à la nourriture. On parle d’un budget qui va de 40 à 50 francs CFA par personne et par jour pour pouvoir se nourrir. Ce qui n’est pas assez en terme de qualité et de quantité. Il y a aussi des questions liées aux soins de santé, à la justice et la prise en charge des personnes qui vivent avec des vulnérabilités », indique Hanan Talbi, directrice de la Division des droits de l’homme de la Minusca.
Le rapport révèle aussi plusieurs lacunes, dont, le non-respect des délais légaux de la garde à vue, le recours à la détention provisoire et les mauvaises conditions de détention. Il précise, par ailleurs, qu’à la fin de l’année dernière, près de 2.000 détenus étaient dans l’attente de leur procès. Certains ont même passé près 6 ans en prison sans être jugés. Les conclusions de ce rapport, selon l’Onu, sont inquiétantes et nécessitent des mesures urgentes et concrètes de la part des autorités centrafricaines. La Minusca se dit prête à soutenir le gouvernement dans ce sens.
« Un arsenal juridique riche »
« On note des avancées dans le rapport. L’arsenal juridique centrafricain est riche et favorise certaines améliorations, en terme de conditions de détention. Cela, évidemment, fait partie de notre mandat. Etant dans le mandat, la Minusca continuera à appuyer le gouvernement sur ce sujet », renchérit Hanan Talbi.
La publication de ce rapport intervient à un moment où la Cour d’appel de Bangui organise sa première session criminelle de l’année. La question des conditions de vie des prisonniers, mentionnées dans ce rapport, a été également débattue lors de l’assemblée générale des magistrats, tenue à Bangui du 15 au 19 juillet 2024.
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