Bangui : consternation de la presse après l’agression de deux journalistes par le ministre de la Sécurité publique
Vue d'un quartier résidentiel de la capitale centrafricaine. Photo : RNL/Stéphane José Flémalé.

Bangui : consternation de la presse après l’agression de deux journalistes par le ministre de la Sécurité publique

Deux journalistes ont été agressés et arrêtés ainsi que leur interviewé, mercredi 31 juillet, par le ministre de la Sécurité publique, Michel Nicaise Nassin, à Bangui. Une agression qui choque l’ensemble de la corporation alors que ces professionnels des médias étaient dans l’exercice de leurs fonctions. Des organisations professionnelles des médias dénoncent une « entrave » au travail des journalistes et comptent saisir la justice.

Le journaliste Jefferson Cyrille Yapendé et son cameraman Jospin Bissi étaient en reportage pour le compte de France 24. Ils recueillaient l’avis des Centrafricains sur la levée de l’embargo sur les armes à destination de la République centrafricaine par le Conseil de sécurité de l’Onu. Soudain, le cortège du ministre de la Sécurité publique, Michel Nicaise Nassin, de passage, les a d’abord dépassés avant de rebrousser chemin pour les interpeller.

Il leur a ensuite posé la question de savoir qui les a autorisés à tourner leur reportage. Sans attendre leur réponse, il a roué de coup Cyrille Jefferson Yapendé, le saisit au cou avant d’ordonner qu’ils soient conduits manu militari dans les geôles de l’Office central de lutte anti-drogue (OCLAD).

Saisir la justice

Cette brève arrestation a suscité la consternation de l’Union des journalistes centrafricains (UJCA) qui condamne cette agression.

« Nous ne pouvons pas accepter qu’un membre du gouvernement, qui sait que les journalistes qui sont des partenaires au développement et à la paix soient malmenés de cette manière. C’est déplorable ! Nous disons à haute voix qu’il faut laisser les journalistes travailler en toute indépendance. J’encourage même les intéressés à déposer plainte qui sera aussi accompagnée par la plainte de l’UJCA », a fait savoir son président, Tita Samba Solé.

Il en est de même pour l’Association des blogueurs centrafricains (ABCA) qui ne cache pas, elle aussi, sa colère.

« Personnellement, en termes de procédure, ce n’est pas ce qui est prévu par la loi. Nos confrères et leur interviewé ont été mis en geôles. Nous qualifions cela d’arrogance de la part de ce ministre. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’il agit  vis-à-vis des journalistes», a dénoncé Rosmon Zokoué, président de cette organisation.

Ces journalistes et leur interviewé ont été libérés après une heure et demi passées dans les geôles de cette unité de la police centrafricaine destinée à lutter contre la drogue et autres stupéfiants.

De son côté, le gouvernement n’a pas encore officiellement réagi.

-A écouter : « En République centrafricaine, la liberté de la presse a encore du chemin à faire »