Bras de fer entre Ali Darassa et François Bozizé au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Le premier, chef d’Etat-major de la CPC annonce la cessation des hostilités et son retour à la table des négociations. Le second, coordonnateur de ce mouvement armé crie à la trahison.
Dans un communiqué signé le 26 juillet 2024 en tant que responsable militaire de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), Ali Darassa a annoncé la cessation des hostilités et a exprimé son souhait de retourner à la table des négociations. Ceci, après avoir quitté l’accord de paix qu’il a signé en 2019. Un tournant décisif dans la recherche de la paix en Centrafrique, mais aussitôt contesté par François Bozizé, fondateur et coordonnateur de la CPC.
Ali Darassa Mahamat est le chef de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), membre de la CPC et un des groupes rebelles signataires de l’accord de paix du 6 février 2019.
A ce titre, il a été promu ministre conseiller à la primature auprès du Premier ministre d’alors, Firmin Ngrebada, avant de claquer la porte au profit du maquis suite à la signature de l’accord de Kamba-Kota en 2020, créant la Coalition des patriotes pour le changement. Une alliance des groupes armés qui avait manqué une attaque sur Bangui en janvier 2021 dont le coordonnateur est François Bozizé, l’ancien président de la république.
« …soucieux de l’avènement d’une paix juste et durable en République centrafricaine, la coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), par la voix du coordonnateur militaire, le général d’armée Ali Darassa Mahamat, décide de mettre fin à toutes les hostilités sur l’étendue du territoire de la RCA et cela s’impose à toutes les deux parties…, réaffirme son ouverture à tous les pourparlers avec le gouvernement centrafricain visant à ramener la paix et la cohésion sociale dans l’intérêt de la patrie », peut-on lire dans le communiqué.
Une démarche contestée
La réaction du coordonnateur général de la CPC, François Bozizé n’a pas tardé. Pour l’ancien président de la République, ce communiqué de presse de Ali Darassa n’engage que lui et ceux qui le manipulent. Il a indiqué que ce dernier n’a nullement les qualités pour impulser une orientation politique à la CPC et encore moins pour décider d’une suspension des opérations militaires sur le terrain.
« La coordination générale de la CPC voudrait ici porter à l’attention du peuple centrafricain et de la communauté internationale que l’option d’un dialogue avec le pouvoir, pour être légitime, relève de la décision du conseil des leaders de la Coalition ; elle ne peut être le fait d’un individu, intéressé et manipulé, qui n’a pas la capacité de prendre la mesure des enjeux d’une négociation de paix », peut-on lire dans la réplique de François Bozizé, signée depuis Bissau, le 4 août. Et qu’en est-il du dialogue prôné par le chef d’État-major de la CPC ? « Le dialogue restera toujours une option, mais pas à n’importe quelle condition. Pour la CPC, la démarche d’un dialogue avec le pouvoir devra se faire en prenant en compte les points de vue de tous ceux qui ont pris une part importante dans la lutte, aux côté de la CPC, pour la libération du peuple centrafricaine », précise le communiqué du coordonnateur de la CPC.
Mis en cause dans un rapport de l’ONG américaine The Sentry pour plusieurs crimes, Ali Darassa est le pilier de l’opposition radicale regroupant les milices Antibalaka, les 3R et l’UPC sous le leadership de l’ancien président François Bozizé, qui a vu sa candidature rejetée par la Cour constitutionnelle pour les élections de décembre 2020.
Depuis lors, son numéro 2, Hassan Bouba, a fait défection au profit du gouvernement et est devenu un maillon essentiel dans les relations bilatérales avec la Russie.
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