La République centrafricaine a célébré mardi 13 août, son 64e anniversaire d’accession à la souveraineté nationale. Au programme, une parade militaire en présence des plus hautes autorités du pays au Camp Kassaï à Bangui. Alors que le pays est en fête, beaucoup de Centrafricains s’interrogent sur son développement après l’indépendance.
A l’instar de plusieurs pays africains, la République centrafricaine accède à l’indépendance en 1960. L’espoir de vivre dignement dans un pays où les nationaux ont désormais la gestion de leur destinée émerge dans tous les milieux.
Avec une démographie faible, les étudiants de l’époque allaient dans les Etats voisins, notamment au Congo, au Cameroun ou encore en France pour leurs études avant de renouer avec l’université de Bangui, peu après son inauguration. L’économie, axée sur les cultures de rente, café, coton, tabac etc. se portait à merveille.
Une indépendance décadente
Cependant, l’espoir suscité par l’indépendance se transforme très vite en désillusion. L’armée post coloniale créée par Jean-Bedel Bokassa connaît des clivages suite à des suspicions de coup d’Etat, des répressions s’en sont suivies.
Si l’armée gagne en nombre 64 ans plus tard grâce au Plan National de Défense, il n’en demeure pas moins que des défis persistent. Le pays ambitionne une armée de garnison, mais elle est et demeure encore une armée de projection. A cela s’ajoute le manque d’équipements appropriés de celle-ci pour la défense du territoire et la protection de la population. Des manquements liés en partie à plus d’une décennie d’embargo sur les armes, imposé par le Conseil de sécurité de l’ONU.
64 ans plus tard, par comparaison aux autres pays ayant acquis l’indépendance dans la même période, la République Centrafricaine a régressé. Ceci, du fait des problèmes politico-sécuritaires qu’elle a régulièrement connus. A cela s’ajoutent la mauvaise gouvernance, la corruption et l’impunité qui minent la marche normale du pays. Plus de six décennies après l’accession à la souveraineté nationale, la capitale Bangui ne dispose d’aucun réseau de transport urbain. Les mototaxis pullulent les rues et augmentent le nombre de victimes d’accidents de la circulation. Le salaire des fonctionnaires n’a pas évolué alors que les prix des produits alimentaires, de première nécessité et des services ne cessent de galoper.
Pour rattraper son retard, le pays a une vision. Cela passe par l’Etude prospective vision RCA 2050 en cours pour comprendre les vrais problèmes du pays. En attendant, tout est prioritaire aujourd’hui pour les Centrafricains à savoir : le capital humain, les infrastructures sociales de base, la décentralisation pour une administration de proximité à tous les niveaux, la croissance à deux chiffres axée sur plusieurs secteurs de l’économie et la lutte contre la corruption. Le chantier est immense et appelle à l’implication de tous.
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