La désinformation prend de l’ampleur dans les lieux de cultes. Souvent, ces lieux se transforment en des endroits de commérages et de circulation des fausses informations. L’Imam Abdoulaye Wasselegue appelle à la vigilance.
La désinformation et les rumeurs font partie de notre quotidien, est-ce que les leaders religieux abordent cette question dans leur communauté ?
« Si on n’avait pas sensibilisé les communautés sur ce phénomène, je vous assure, on allait déjà vivre le pire. Personne n’y échappe et c’est notre vécu. Mais les leaders religieux contribuent beaucoup à relever le défi contre la désinformation, et les rumeurs ».
Que disent les saintes écritures ou le coran à propos des fausses informations et rumeurs ?
« Dans le chapitre 49 du coran, Dieu nous appelle à éviter les rumeurs car les rumeurs sont des péchés. Pour nous, quelqu’un qui se livre à cette pratique, qui fait de la désinformation contribue à la division de sa communauté. C’est un péché et Dieu condamne cela. Le plus important, c’est de ne prendre rien pour argent comptant. Il faut toujours chercher à avoir une preuve des allégations avancées sur les autres avant de les divulguer. »
Un souvenir ou une conséquence des rumeurs et fausses informations que vous avez vécu ?
« Il y a plusieurs faits basés sur les rumeurs et les fausses informations qui m’ont marqué, entre autres récemment, quand le président avec sa délégation était en France pour les jeux olympiques, les gens racontaient que son ministre de la jeunesse et des sports a été arrêté pour une affaire le concernant. Beaucoup sont ceux qui croyaient que c’était une information vraie parce que ça faisait beaucoup de tollé. Il a fallu donc qu’on publie une vidéo dans laquelle le ministre des sports prodiguait des conseils aux athlètes qu’on a pu comprendre que l’arrestation dont on parlait c’était du mensonge ».
« Si on revenait un peu en arrière, en 2014, lorsque le pays était noyé dans le conflit, et alors que nous étions dans les préparatifs de la fête de Tabaski, un cadavre musulman a été retrouvé au quartier Combattant. Et selon les fabricants de fausses informations, il s’agissait d’un cadeau de Tabaski offert aux musulmans. Je vous assure ce jour, beaucoup de personnes non musulmanes qui se trouvaient au Km5 au moment où la nouvelle surgissait ont perdu la vie, malgré que ceux qui ont agi n’étaient pas certains de ce qu’on racontait. Car aucune personne n’a identifié le tueur et c’est ce que nous déplorons à chaque fois. Il ne faut pas se filler aux informations non approuvées ».
Quel conseil prodiguez-vous aux croyants et aux centrafricains en général ?
« Tout le temps, dans les mosquées, dans les regroupements religieux, on ne cesse de donner des conseils aux gens de ne ni croire, ni travailler avec les rumeurs, malheureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui dans le quotidien de certains. »
#StopATènè, la cellule qui lutte contre la désinformation et les messages de haine en Centrafrique.