Bien qu’interdite par la loi pour ses effets sanitaires et psychologiques dangereux sur les victimes, l’excision continue d’être pratiquée sur des jeunes filles à Boali, chef-lieu de l’Ombella-Mpoko au nord de Bangui, mais en cachette. Reportage de Radio Ndeke Luka à l’occasion de la Journée internationale de la jeune fille, célébrée ce 11 octobre.
A Boali, des filles continuent de se faire exciser. Cette pratique n’est pas sans conséquences néfastes sur la vie des victimes. Devant son restaurant, une victime qui ne souhaite pas donner son nom, et qui garde encore les séquelles accepte de témoigner ce qu’elle a vécu lors de son excision.
« Nous avons été forcées à nous exciser. On nous a attrapées et on nous a emmener loin dans la brousse. Une fois arrivée, on m’a fait coucher sur des rameaux de palmiers et c’est sur ces rameux qu’on a procédé à l’opération avec des lames de rasoirs non stérilisées. Il n’y a pas de médicaments pour nous. On met juste le rasoir dans de l’eau et on te dit de boire pour faire cicatriser la plaie et te donner la force », raconte la victime de 16 ans.
Si certaines filles acceptent de subir l’excision, d’autres s’y opposent. C’est l’exemple de Marlène Banda, qui a refusé lorsqu’on voulait l’exciser. Aujourd’hui, elle a 17 ans et elle encourage ses pairs à ne pas fléchir face à cette pratique traditionnelle dangereuse. « J’ai refusé parce que c’est interdit par la loi et par la bible. De plus, c’est une pratique qui conduit souvent à la mort », fait-elle savoir.
Des complications sanitaires pour la vie
A l’hôpital secondaire de Boali, l’on souligne plusieurs conséquences néfastes de l’excision sur la santé et la fertilité des victimes. « A court terme, il y a souvent de l’hémorragie pendant l’excision, ce qui peut entraîner la mort. La fille peut aussi contracter des maladies transmissibles par voie sanguine telles le Vih/Sida ou l’hépatite B », avise Marie Prisca Senmodem, sage-femme à l’hôpital secondaire de Boali, poursuivant qu’à long terme, « il peut y avoir des complications pendant les accouchements. Parce que, pendant l’excision, l’orifice vaginal est rétréci ».
Le code pénal centrafricain punit l’auteur de l’excision d’une peine de deux à dix ans de prison et d’une amende allant de 100 mille à 500 mille francs CFA. Malgré cette interdiction, elle continue d’échapper au contrôle du juge pénal.
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