Centrafrique : le procès Ndélé 1 devant la CPS, mis en délibéré pour mi-décembre
Une vue de la salle d'audience de la Cour pénale spéciale à Bangui, juillet 2024. Photo: Minusca

Centrafrique : le procès Ndélé 1 devant la CPS, mis en délibéré pour mi-décembre

Les audiences dans l’affaire Ndélé 1 se sont conclues, ce jeudi 14 novembre 2024, devant la Cour pénale spéciale (CPS) à Bangui, après près d’un an de débats contradictoires. À l’issue des réquisitoires du ministère public et des plaidoiries des avocats des parties civiles et de la défense, le verdict final est désormais attendu pour le 13 décembre 2024, date à laquelle la cour rendra sa décision sur les charges pesant contre les accusés.

Cette affaire, qui porte sur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, concerne quatre accusés principaux : Azor Kalit, Charfadine Moussa, Antar Ahamat et Wodjonodrogba. Ils sont inculpés pour leur rôle présumé dans les violences ayant frappé Ndélé et ses environs, le 29 avril 2020, lorsque des dizaines de personnes ont perdu la vie et que des maisons ainsi que des lieux de commerce ont été systématiquement incendiés.

Un réquisitoire basé sur des aveux

Dans son réquisitoire final, le procureur spécial a plaidé pour une condamnation des accusés, insistant sur le fait que leurs premières déclarations, effectuées lors de leur arrestation le 19 mai 2020, constituent des éléments incriminants déterminants. Selon lui, ces aveux initiaux, bien que partiels, témoignent de l’implication des accusés dans les événements criminels de Ndélé. Il a également souligné que la défense avait présenté des excuses publiques aux victimes, une démarche qu’il interprète comme un signe implicite d’aveu de responsabilité. Le procureur a rappelé que lesaccusés avaient été arrêtés dans les environs de Ndélé, en possession d’armes, ce qui renforcerait les éléments de preuve contre eux.

La partie civile sur la même ligne du parquet

Les avocats de la partie civile, quant à eux, ont insisté sur l’existence avérée des faits de violence, en rappelant les destructions matérielles et humaines que les victimes ont subies. Ils ont argumenté qu’il est impossible de nier qu’il existe des auteurs de ces crimes. Pour appuyer leur argumentation, ils ont présenté des rapports de bornage des lignes téléphoniques des accusés, réalisés par des sociétés de téléphonie mobile, qui auraient localisé les accusés à Ndélé le jour même des attaques. Ces éléments, selon les avocats de la partie civile, constituent des preuves techniques solides liant les accusés aux événements.

La défense remet en cause les preuves

La défense, de son côté, a vigoureusement contesté les accusations portées contre leurs clients. Selon eux, les pertes en vies humaines et les destructions matérielles ne suffisent pas à démontrer l’implication directe de leurs clients dans les combats. Les avocats ont insisté sur le fait que les preuves invoquées par l’accusation sont fondées sur des témoignages souvent contradictoires, et non sur des éléments matériels incontestables. Ils ont également remis en cause la validité du bornage des téléphones mobiles, en soulignant que l’antenne utilisée pourrait couvrir un rayon allant jusqu’à 7 kilomètres, rendant ainsi incertaine toute identification précise du lieu où se trouvaient les accusés.

Verdict attendu mi-décembre

Après plus de 10 mois d’audiences, la cour s’apprête à rendre sa décision finale le 13 décembre 2024. Ce jugement sera l’aboutissement d’un procès complexe, dans lequel les autorités judiciaires devront apprécier les éléments de preuve, les témoignages contradictoires et les déclarations des accusés afin de statuer sur leur culpabilité ou leur innocence. Quel que soit le verdict, cette affaire marquera une étape significative dans le processus judiciaire centrafricain, particulièrement en ce qui concerne les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.

-Lire aussi : Procès Ndélé 1 : la défense sur une même ligne : l’acquittement