Les femmes de la République Centrafricaine, à l’instar des autres femmes de la planète, ont célébré ce 8 mars la journée internationale de la femme. Le thème retenu est « l’autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l’éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels ».
A cette occasion, le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki Moon a appelé les gouvernements, la société civile et le secteur privé à « s’investir dans les femmes rurales » à « éliminer les discriminations dont elles sont victimes » et à leur « garantir le même accès aux ressources qu’aux hommes ».
En Centrafrique, cette journée a été célébrée sous le thème « Parité homme-femme ». Pour cette journée, le couple présidentiel François et Monique Bozizé a personnellement rehaussé de sa présence, le défilé organisé par les femmes du pays. Un défilé parrainé par l’Organisation des Femmes Centrafricaines (OFCA), sur l’avenue des Martyrs à Bangui.
A travers cette manifestation, les Centrafricaines, issues des différents départements ministériels et des organisations nationales, ont donné un cachet particulier à l’évènement à travers une présence massive, chose qui ne se voit que lors de la traditionnelle fête des mères.
Un mémorandum relatif au projet de loi sur la Parité homme-femme, rédigé par l’OFCA a été remis à la Représentante Spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies en Centrafrique, Margueritte Vogt qui, à son tour, l’a remis au président de l’Assemblée nationale, Célestin Leroy Gaombalet.
Interrogés par Radio Ndeke Luka, quelques centrafricains se sont félicités de la réussite de la manifestation. « L’heure est au plaidoyer pour changer la vie de la femme centrafricaine souvent reléguée au second plan. Nous ne sommes plus du reste et comptons poursuivre la lutte pour nous faire entendre afin que la parité entre les 2 sexes soit une réalité ».
La ministre des affaires Sociales, Marguerite Pétrokoni Zézé, a relevé qu’ « on parle très peu de la femme en tant qu’actrice du développement. La Femme a un statut inférieur qui lui est conféré par l’Homme. Cette situation ne lui permet pas de prouver sa capacité pourtant nécessaire au développement global de la communauté ».
Elle a précisé, « on note un faible taux de scolarisation, un taux d’analphabétisme élevé, un taux de mortalité maternel et infantile très élevé, un taux d’infection à VIH/SIDA élevé chez les femmes. A cela s’ajoute le nombre élevé de la population qui vit en dessous du seuil de la pauvreté ».
A Bouar (ouest), la notion de la parité entre les 2 sexes est loin de faire l’unanimité en cette fête. Pour preuve, a relevé le correspondant de Radio Ndeke Luka, « 10% des femmes seulement travaillent dans l’administration et plus de 80% sont analphabètes. Au plan sanitaire, des femmes meurent encore en donnant la naissance. Ces femmes de Bouar appellent les autorités compétentes à les appuyer pour leur assurer de meilleures conditions de vie ».
La ville de Boali (95 kilomètres de Bangui) a connu une faible mobilisation des femmes à cette fête. Toutefois les femmes de cette localité ont exigé l’amélioration de leurs conditions sanitaires et la mise en place des comités locaux pour la défense de leurs droits. Il s’agit de quelques recommandations contenues dans un mémorandum remis aux autorités de la localité.
Les femmes de Bozoum (nord-ouest) dans l’Ouham-Pendé ne sont pas restées en marge de l’évènement. Au-delà des manifestations festives de la journée du 08 mars, les femmes de Bozoum ont interpellé les pouvoirs publics à accorder davantage une attention à l’amélioration de leurs conditions de vie. Les violences physiques, morales, la non implication des femmes dans les instances de prises des décisions ont été mises en exergue.
Signalons que les activités relatives à cette journée ont été lancées samedi dernier à Bangui, avec des conférences débats organisées par les femmes autour du thème national et une exposition vente à la cathédrale Immaculée Conception de Bangui.